Vous avez déjà certainement croisé Marie-Claire. Toute simple, discrète, elle est très investie auprès des autres. Elle fait également partie de plusieurs équipes paroissiales et de doyenné.
Malgré ce dévouement évident et cette bienveillance à l'égard de tous, elle nous a pourtant livré, l'autre jour, en équipe, un témoignage plein d'humilité : le témoignage tout simple de ce qu'elle avait vécu dans sa semaine, et qu'elle avait ressenti comme une présence de l'Esprit Saint.
BL
(afin de respecter l'anonymat des personnes, les prénoms ont tous été changés)
La semaine dernière, j'accompagne mon amie Lucie. Elle rend visite à son frère âgé de 75 ans, atteint de la maladie d'Alzheimer. Elle se rend ainsi chaque jour à l'hôpital de Lanmeur. "Je ne peux m'en empêcher", dit-elle. "Pourtant, il ne semble plus me reconnaître par instants..."
Nous arrivons au service St Melar. A côté des escaliers et de l'ascenceur, se tient un groupe de patients qui attend l'arrivée des visiteurs... Ils apportent les nouvelles, et cet "air pur" qui arrive de l'extérieur.
Lucie semble attendue avec joie. Elle distribue chaque jour ses bonbons (des Fraises Tagada), s'inquiète des uns et des autres. "Ils ne semblent pas avoir beaucoup de visites", me dit-elle.
Marie, l'ancienne agricultrice de Lanleya, qui a du quitter sa ferme trop isolée pour vivre seule, est là, bien lucide. A ses côtés, Jean : il est en fauteuil roulant suite à une tentative de suicide après un amour éconduit de jeunesse... Et il y a aussi Albert, Alphonsine, Marie-Thérèse, Lucien...
Une petite animation s'installe autour de Lucie, "rayon de soleil" de la journée!
Quant à moi, je réfléchis : pendant 30 ans, en tant qu'infirmière, j'ai souvent été témoin de scènes identiques, où les visiteurs illiminaient la journée des patients. Et puis, j'ai quitté cette résidence médicalisée. J'ai pris ma retraite. J'avais besoin de me protéger et de m'engager sur d'autres voies. J'ai notamment choisi d'accompagner les personnes en aide à domicile, c'est-à-dire en amont, afin que ces personnes arrivent le plus tard possible en EHPAD.
Lucie me confie d'ailleurs: "Le personnel me dit de ne pas venir tous les jours, de "me protéger". Mais pour moi, mon frère, c'est tout... "
Ce transfert d'amour vers l'autre, vers cette personne vulnérable, cette rencontre, n'est-elle pas notre rencontre avec le tout Autre, qui partage nos joies et nos peines?
Merci Lucie! Aurais-je peur de revenir à une réalité trop douloureuse ? Sans aucun doute... oui! J'avais pris ma valise de retraitée, pour rentrer à la maison ainsi bien protégée...
Mais, je suis rattrapée!
Reviendra-t-il marcher sur nos chemins, Changer nos coeurs de pierre,
et apporter l'amour et la lumière du temps de l'Avent et de Noël?
Seigneur, fais que j'entende et que voie enfin!
Marie-Claire