Il est un des organistes attitrés sur le doyenné. Il intervient notamment sur la paroisse ND du Mur, où il partage le clavier et les pédales avec plusieurs autres confrères.
Comme eux, Patrick Brossard a ce besoin de vivre la liturgie, de la faire vibrer et de la partager au travers de la musique des grandes orgues.
Ce sont ainsi pas moins de 50 à 60 célébrations de funérailles que ce Saint-Martinois d’origine et Plougasniste d’adoption, anime bénévolement chaque année sur la paroisse ND du Mur. Il faut bien sûr y rajouter, plus ponctuellement, quelques célébrations de mariages et quelques messes du dimanche, à Ploujean ou chez les Augustines par exemple.
Les grandes orgues : un instrument sacré
"Les grandes orgues ne jouent pas simplement des notes : elles jouent des notes d’espérance." |
Très respectueux de la liturgie, Patrick veille à ne jamais la galvauder.
« Il faut être recueilli pour jouer. Le sanctus de Berchtein, c’est sacré ! Une fois que les premières notes sont lancées, aucune hésitation, aucune interruption ne peut y être permise. Les grandes orgues sont bien plus qu’un instrument. Elles ont été bénies. Cela fait d’elles un instrument sacré. Elles ne jouent pas simplement des notes, elles jouent des notes d’espérance. Et elles ne joueront bien que si on les respecte. La musique touche et réconforte si l’on est soi-même touché. »
« Contrairement à ce qu’on peut penser, les gens écoutent. Mon plus grand bonheur, ma plus belle récompense d’organiste, c’est de recevoir à la fin de la célébration des mercis de la part des familles.
Je reçois également parfois des cartes à la maison, avec ces mots tout simples : Merci, votre musique nous a aidés. Les grandes orgues aident à prier : liturgie et grandes orgues sont pour moi indissociables. Les CD ne transmettent pas la même chose ! »
"Elles aident à prier." |
Un retour aux sources
Patrick se définit tout simplement comme un organiste au service de la liturgie. Après avoir commencé la guitare classique à 7 ans, il est initié à 14 à la musique liturgique par l’Abbé Com et Melle Trinquet, professeur de piano, qui tenait les grandes orgues de St Mathieu, à Morlaix. En 2003, il est nommé organiste à Plougasnou par les pères Jean-Jacques Bivic et Christian Bernard.
« J’interviens aujourd’hui surtout sur ND du Mur, où j’ai reçu un accueil très chaleureux. Cela m’a extraordinairement touché», confie-t-il. « Et cela me fait toujours tout drôle de jouer aujourd’hui à St Martin, mon église de baptême ! C’est une sorte de retour aux sources. »
REPERES - Né le 10 mars 1951 à St Martin des Champs - 1958 (à 7 ans) : étudie la guitare classique - 1965 (à 14 ans) : apprend le piano, est initié à l’harmonium et aux Grandes Orgues - 1970 : joue à SIZUN, ST THEGONNEC, ST Mathieu (MORLAIX) - depuis 2000 : retraite professionnelle - Consacre une grande partie de son temps à la musique (orgue et contrebasse) - 2003 : nommé organiste sur le doyenné Morlaix-Trégor |
Travail, complicité et foi
Animer la liturgie lui demande un long travail d’écoute et d’imprégnation, qui nécessite impérativement une grande sérénité.
« Certains morceaux ont bien sûr des difficultés techniques, mais la principale difficulté est de s’adapter à la voix : la partition écrite ne correspond pas toujours à la tonalité de la personne. Je dois donc interpréter le morceau différemment.
Il faut être très attentif, et s’adapter en permanence. C’est un grand travail d’équipe entre les officiants et l’organiste.
C’est aussi une grande complicité. Il ne faut pas qu’il y ait de blanc dans la célébration. J’ai donc toujours un morceau de prêt. J’ai d’ailleurs sous le coude près de 400 morceaux dans mon classeur. Au cas où… »
Si vous avez un jour la chance ou la curiosité de grimper aux grandes orgues de St Melaine par exemple, vous pourrez juger de cette incroyable complicité de l’organiste avec les animateurs.
Déjà, il vous faudra accéder à l’instrument, et donc vous écarter de l’assemblée. Petite porte dérobée, volée de marches étroites, poussière ancestrale, toiles d’araignées un peu partout. Un monde à part. Et là ! L’instrument ! Du bois, encore du bois, accroché à la pierre, faisant corps avec l’église. L’église et l’instrument ne font vraiment qu’un.
Mais ce n’est pas fini. Voilà l’organiste qui s’installe, dos au chœur. Pas un seul rétroviseur, pas un seul miroir, pour juger de l’assemblée. Il ouvre l’instrument, manipule les tirettes (tirants de jeu). Et là ! Magie. Plus de Patrick, plus d’organiste, plus d’instrument ! Mais un tout, indissociable : «organiste/instrument/église/célébrants/animateurs», qui fait vibrer la pierre et l’assemblée.
« Tout se joue dans les sonorités, au feeling, en confiance. C’est une véritable communion, au vrai sens du terme. Cela s’explique aussi parce que je suis croyant. »
Tout cela laisse-t-il la place à l’improvisation ? « Oui, pour les obsèques, avant l’entrée du corps, je me permets parfois un peu d’improvisation. Mais il s’agit généralement d’une simple variation».
Un artiste complet
Patrick a de nombreuses autres cordes à son arc.
Grand joueur de contrebasse, il anime ainsi, en solo ou au sein de formations, de nombreux concerts privés ou publics. Ses prestations dans le cadre des fêtes de la musique de Plougasnou, en 2007 et 2008, lui laissent notamment un grand souvenir. « J’avais pour l’occasion concocté des programmes complets : "De Pachelbel à Nougaro" et "De Bach à Ray Charles "».
Sous la moustache malicieuse, se cache également un personnage en prise directe avec le milieu du spectacle. Patrick Brossard confie volontiers que toute sa famille paternelle, très croyante, est issue du monde du voyage.
C’est pourquoi il est, toujours aujourd’hui, administrateur de tournée du cirque Fratellini, dirigé par l’un de ses cousins.
Démarrant début février dans l’Hérault pour arriver en juillet en Normandie, la tournée des Fratellini fera ensuite forcément une halte du côté de Térenez. Autour d’un bon verre !
Et la relève ?
« Je fais partie des organistes passionnés, optimistes quant à l’avenir de la liturgie et de l’Eglise. On me dit souvent que j’ai toujours le sourire. Je suis croyant, je suis au service et je me sens bien derrière mon instrument, à ma place. Je n’ai donc pas de mérite à sourire…
La musique aux grandes orgues est la plus belle des choses. L’année dernière, j’ai joué à St Melaine pour la célébration de l’Avent des scolaires de ND de Lourdes (Morlaix). Mon petit fils qui a 10 ans, était là avec sa maîtresse (Béatrice Hameury). Il était ému. Moi aussi...
Tous les enfants étaient d’ailleurs touchés. Je leur ai montré le fonctionnement de l’instrument. Ils ne s’attendaient pas à ça, et ils étaient très intéressés. Ca les touche différemment qu’une leçon de caté..."
Et si la relève était déjà là ?
(texte et photos : B. de Lignières)