C’est un compte rendu d’expérience que font les disciples! Rare ! Intense, immense comme lorsque nous faisons l’expérience relationnelle où quelqu’un se montre à nous autrement, où il se révèle enfin dans toute sa richesse : ‘Tu es plus riche que ce qu’on voyait de toi !’ C’est notre regard qui change ou c’est lui qui se montre autrement ? C’est d’abord lui avant d’être notre regard !
véritable personnalité
Jésus était un homme, vu comme homme, un grand homme certes, ‘puissant en paroles et en actes’ comme de ces grands hommes de Dieu qui brillent ! Mais ce ne sont que des hommes ! Ici cet homme Jésus fut transfiguré devant eux… transfiguré, transformé, changé… Disons que Jésus montre sa véritable personnalité. Le théologien médiéval Bède le Vénérable (6ème siècle) dit : « Il montra dans son corps mortel non l’immortalité, mais une clarté semblable à l’immortalité future. »
La Transfiguration est en Jésus, un avant-goût de la résurrection, de la victoire sur la mort (vêtements blancs), du visage lumineux, de l’amitié élargissant sa tente (dressons ici trois tentes), du lien viscéral à Dieu son Père qui aime le Fils (celui-ci est mon Fils bien aimé !) … bref ! un moment de gloire de quelques secondes ! Et Jésus redevient Jésus. Mais quelle expérience de Dieu pour les disciples ! Pourquoi Jésus se montre-t-il ainsi à eux en ce moment-là ? Saint Léon le Grand, un théologien du 5ème siècle le dit : « Il voulait prémunir ses disciples contre le scandale de la Croix ; et en leur faisant apparaître un rayon de sa gloire cachée, les empêcher d’être troublés par les humiliations de cette Passion »
vivre avec cette expérience au cœur
Pour vivre la croix sans désespérer, il faut avoir découvert l’amour ! Pour les trois disciples (Pierre, Jacques et Jean), la vie va continuer avec cette expérience au cœur jusqu’à la Passion et même après. Saint Augustin (4ème siècle) interpelle Saint Pierre :
« Et maintenant, ô Pierre, toi qui désirais demeurer sur la montagne de la Transfiguration, il faut descendre ; toi qui voulais demeurer dans ce doux repos, il faut prêcher, exhorter, reprendre à temps et à contretemps ; il faut travailler, suer, souffrir ; il faut que par ton travail accompli dans la charité, tu établisses en ton âme cette blancheur et cette beauté qui apparaissent dans les vêtements de ton maître »
P. Jean Michel Moysan