l’évangile de ce dimanche raconte ce qui est arrivé à Thomas après la résurrection où il a fondu littéralement quand il voit son maître vivant … ceci quelques jours après sa mort ignominieuse.Il
rend les armes, disant à son Maître, « Mon Seigneur et mon Dieu » passant de son incroyance foncière (quand on est mort, on est mort… ne me racontez pas de bêtise !) à cette
évidence : ‘La mort n’a pas été la plus forte ! Il est ressuscité dans la mort.’
L a paix soit avec vous
Reprenons ce récit point par point. Les apôtres (sauf Judas qui n’est plus là) se retrouvent dans une pièce fermée à clé le premier jour de la semaine après le Sabbat de la Pâque juive. Et il arrive ce qui ne devait pas arriver : il est là au milieu d’eux ! Ils sont stupéfaits et heureux. Ici ce n’est pas telle ou telle parole qui les bouleverse ou telle ou telle guérison qui les laisse atterrés, c’est le fait que sa personne est là vivante, après avoir été crucifiée méchamment et elle est là devant… on peut même la toucher… est-ce une hallucination collective ? Des incroyants d'aujourd’hui pourraient interpréter cela ainsi. Mais le récit est sobre : il fût là au milieu d’eux, leur montrant ses mains et ses pieds. Un récit qui garde les pieds sur terre ! Et il commence par leur dire : « La paix soit avec vous ». Il aurait eu mille raisons de leur dire sa colère : pourquoi vous m’avez tous fui quand j’ai été livré ? Pierre, pourquoi m’as -tu renié ? Non, il leur dit : « La paix soit avec vous » Le Christ quand il se montre à nous, ne commence pas par nous culpabiliser de ne pas être assez croyant, à nous reprendre sur telle ou telle transgression… il nous donne la paix ! et il leur dit « Je vous envoie »… ne gardez pas cette nouvelle de la Résurrection pour vous !
Ils sont heureux. Mais Thomas n’est pas là ! Et ils lui racontent… mais Thomas refuse de les croire… « Si je ne mets mes mains dans la place des clous, je n’y croirai pas ». Cette incroyance pointe quelquefois dans la bible à propos de la vie du peuple qui doute de Dieu. Elle est racontée dans le psaume 78 racontant la vie au désert après la sortie d’Egypte : « Ils tentaient le Seigneur dans leurs cœurs, ils réclamèrent de manger à leur faim. Ils s'en prennent à Dieu et demandent : « Dieu peut-il apprêter une table au désert ? Sans doute, il a frappé le rocher : l'eau a jailli, elle coule à flots ! Mais pourra-t-il nous donner du pain et procurer de la viande à son peuple ? » Question qui est souvent la nôtre. Dieu peut-il faire l’impossible ? Nous sommes souvent comme Thomas. Nous croyons souvent des choses à hauteur d’homme, à hauteur de raison. C’est nous ! Nous sommes loin d’Abraham, au dire de l’épitre aux hébreux lorsqu’il monte pour sacrifier son fils Isaac « Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve, Abraham offrit Isaac en sacrifice. Et il offrait le fils unique, alors qu’il avait reçu les promesses… Il pensait en effet que Dieu est capable même de ressusciter les morts ; c’est pourquoi son fils lui fut rendu : il y a là une préfiguration » (Hébreux 11, 17)
Thomas ne croit pas que Dieu a la capacité de faire des miracles, de ressusciter un mort ! Et nous ? Si nous ne croyons pas déjà que Dieu est le maître de l’impossible, qu’il peut ‘des pierres que voici faire surgir des enfants à Abraham’, qu’il peut ressusciter un mort, notre foi risque de ne pas découvrir Jésus ressuscité, vivant aujourd’hui au XXIème siècle, parce que nous resterons dans les limites sages de la raison humaine. Paul dit dans 1 Corinthiens 15 : « Nous proclamons que le Christ est ressuscité d’entre les morts ; alors, comment certains d’entre vous peuvent-ils affirmer qu’il n’y a pas de résurrection des morts ? S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité. »
Bref Thomas semble être dans le fond de cette pensée-là : « Si je ne vois de mes yeux la marque des clous, je ne croirai pas ! » Et rien n’y fera… il est bloqué ! Nous faisons cette expérience quelquefois dans les dialogues en famille ou avec des amis autour du centre de la foi chrétienne : la Résurrection de Jésus sortant de la mort. Vous abordez un terrain difficile ! Et souvent les gens disent :" le jour où je l’aurai vu de mes propres yeux, je croirai ", comme les athéniens disant à Saint Paul à Athénes : « Nous t’entendrons la-dessus une autre fois »
Mon Seigneur et mon Dieu
Comment Thomas sortira-t-il du déblocage ? il faudra qu’il fasse l’expérience de Jésus Vivant… pour se mettre à genoux… et dire : « Mon seigneur et mon Dieu ». Il vient déverrouiller ses portes intérieures et lui dit : « Avance ton doigt ici au creux de mes mains, avance ta main et mets-la dans mon coté, cesse d’être incrédule, sois croyant »
Il a fait l’expérience physique de Jésus en chair et en os pour accéder à la foi. Cela a été possible pendant 40 jours jusqu’à l’Ascension et ensuite Jésus est parti au ciel, à la droite du Père, laissant place à l’expérience spirituelle de Jésus vivant. L’expérience spirituelle, celle de l’Esprit saint a pris le relais, nous amenant à toucher ce coté, ce cœur de Jésus qui aime et ressuscite.
Je prie pour vous pour que Jésus s’approche spirituellement de vous, que vous puissiez toucher concrètement son cœur transpercé d’amour et de miséricorde, son cœur chaud de vivant. Je prie pour qu’il s’approche de vous au-delà de vos verrouillages intérieurs et que vous puissiez toucher ses mains transpercées, ses mains recréatrices comme le Seigneur au début du monde au Psaume 8, « Il a fait les cieux par les œuvres de ses mains »… Laissez vos cieux intérieures être remodelées par les mains du ressuscité.
Et la grâce du ressuscité se sera approché de vous ! Et vous direz comme Saint Jean, disant dans sa prière lettre : « Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons. Oui, la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage : nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. » Vous deviendrez alors de véritables disciples missionnaires !
p. Jean-Michel Moysan