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« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau » (Matthieu 10)

Laissez-moi avec ma galère, ne me parlez pas de Dieu ’, ‘c’est pas Jésus qui enlèvera ma souffrance !’

Chacun a pu entendre cela lorsqu’un jour il s’est hasardé à aborder la foi auprès d’une personne souffrante. 



L’âme, au cœur du malheur, est brisée, en colère, se refermant sur elle-même, disant comme les mamans des enfants tués sous Hérode : « C’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolés, parce qu’ils ne sont plus » (Matthieu 2, 18) ; Refuser d’être consolé… parce qu’on est tellement mal ! 

« venez à moi, vous qui peinez »

Berna, évangile et peinture
Berna, évangile et peinture

Et pourtant cette parole de Jésus est là : « venez à moi, vous qui peinez ». Elle nous invite à venir à Lui, alourdis de ces fardeaux de tous les jours, assis au bord du chemin (comme Bartimée), n’y croyant même plus, comme la Samaritaine : « Seigneur, tu n’as même pas un seau et le puits est profond ; d’où la tiens-tu cette eau vive ? « (Jean 4, 11).

Au 1er siècle plusieurs sont venus vers lui, certains de leur plein désir, d’autres de manière cachée et en secret, comme la femme hémorragique, d’autres amenés par des voisins, comme le paralytique portés par quatre hommes. Mais ils sont venus, se retrouvant tous à la fin, regénérés. Et aujourd’hui dans nos vies ? Les chrétiens sont appelés à croire que venir à Jésus, au milieu de ses fardeaux, sauve… Plusieurs passages de l’Ecriture l’attestent : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Jean 10, 10) ; « Il a pris sur lui nos maladies » (Matthieu 8, 17), « La loi de l’Esprit qui donne la vie en Jésus m’a libéré de la loi du péché et de la mort » (Romains 8).

 

compassion divine

Car du point de vue des hommes souffrants, il s’agit de survivre, de revivre et de vivre tout court, trois verbes indiquant la trajectoire de renaissance à la Vie. La souffrance peut rester, diminuée certes, mais étant comme une cicatrice pouvant se réveiller à tout moment : « Dieu n'est pas venu supprimer la souffrance. Il n'est même pas venu l'expliquer, mais il est venu la remplir de sa présence ». (Paul Claudel).  Seul celui qui se sera exercé à s’abandonner à la présence de Jésus en lui saura trouver les mots pour s’approcher de la personne souffrante, l’apprivoiser en s’approchant d’elle pas à pas (comme dans le Petit Prince) et lui proposer à son tour de venir à Lui, le Christ, sans désir de convertir, mais avec un sens énorme de la compassion divine pour chacun. 

 

P. Jean Michel Moysan