« Le Royaume des cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ. Or pendant que les gens dormaient, son ennemi survint ; il sema de l’ivraie au milieu du
blé et s’en alla » (Mat 13, 24). Il part en cachette comme il est venu, le coquin, en ayant déposé de nuit son venin pour étouffer dans les cœurs les bonnes semences ! Quel
pervers !
« Dieu créa l’homme à son image… cela fut très bon »
En lisant ce texte, il y a une interprétation à rejeter : nous serions chacun, à la fois un mélange de bon grain et d’ivraie, de lumineux et de sombre, de bonté et d’égoïsme. Le texte ne dit pas cela : nous sommes d’abord semé de bon grain et vient ensuite l’ivraie, semé par un ennemi sombre. Toute personne est bonne en son fond : « Dieu créa l’homme à son image… cela fut très bon ». Le péché vient ensuite.
Mais le texte dit davantage. Si nous sommes traversés dans nos personnes par le bon grain et l’ivraie, le bon grain désigne un groupe de personnes, (les fils du Royaume) et l’ivraie un autre groupe (les fils du Mauvais).
Quid ? Il y a des personnes habitées fondamentalement par de la bonté (même s’il s’y mêle un peu d’ivraie) et il y a des personnes habitées fondamentalement par du mensonge, de l’esprit tordu, de la perversité (même s’il y a un peu de bonté). Cette cohabitation des fils du Royaume et des fils du Mauvais dans notre société est un fait vécu et nous souhaiterions tout purifier : « Veux-tu que nous allions enlever l’ivraie ? », demandent les serviteurs. «Non… laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ».
"A tes fils, tu as donné une belle espérance : après la faute, tu accordes la conversion "
Patience avec les fils du ‘Mauvais’ ! Le jugement sur les personnes ne nous appartient pas. Dieu seul est juge et à notre mort il fera le bilan : « Ils (les anges) enlèveront de son Royaume toutes les causes de chute et ceux qui font le mal » et « les justes resplendiront dans le soleil ».
Nous n’aimons pas cette thématique-là, mais le jugement de Dieu à la fin de notre vie est de foi chrétienne.
En attendant, il nous faut patienter, vivre avec, supporter, prier pour leur conversion (et la nôtre) en confiant les fils du Mauvais au Sauveur : « A tes fils, tu as donné une belle espérance : après la faute, tu accordes la conversion » (Sagesse 12).
Prions pour que chez chacun le bon grain ne soit pas étouffé par l’ivraie et qu’à la fin de notre vie Dieu ne nous trouve froid, fermé, violent, égoïste : « Par ton exemple, tu as enseigné à ton peuple que le juste doit être humain » .
P. Jean-Michel Moysan