L’assassinat du professeur Samuel Paty est une tragédie et est injustifiable. N’y-a-t-il pour les humains un interdit fondamental, transcendant toutes nos rivalités : « Tu ne
commettras pas de meurtre ».
En ce sens l’homme est sacré. Et tout homme religieux ou non devrait y obéir. Les islamistes qui ont tué ont transgressé cette loi fondamentale de la conscience humaine. Rajoutons que le rôle de l’Etat est de protéger ce bien commun qu’est la vie de tout homme.
Quant aux caricatures de Mahomet, motif de ce meurtre, on peut quand même s’interroger. Montrer des caricatures de Mahomet à des élèves (dont certains sont musulmans pratiquants) peut être extrêmement violent. Caricaturer leur maître spirituel, salir celui qui les a élevé à la vie spirituelle, c’est tôt ou tard entendre : ‘Tu insultes mon père’ !
liberté d'expression
Comme prêtre, j’ai beaucoup de mal à accepter des caricatures de Jésus montrés par certains journaux, comme si la liberté d’expression permettait à priori de tout écraser. Certes, on n’est pas obligé de regarder, dira-t-on. Mais aujourd’hui, l’intimation à publier partout dans tous les journaux et pour tous les lycéens de France les caricatures de Mahomet nous force à les regarder. Quelle violence pour les musulmans modérés !
engager la fraternité
Certes juridiquement il n’y a pas de loi civile interdisant le blasphème. Et les chrétiens en connaissent l’ambiguïté, car leur maître Jésus a été condamné et mis à mort pour blasphème (Marc 14, 64). Et rajoutons que, condamné, Jésus n’en appelle pas au meurtre : « Remets ton épée à la place, dit Jésus à Pierre, qui prend l’épée périra par l’épée » (Matthieu 22, 56). La question n’est pas juridique, mais éthique : éveil des consciences au respect fraternel pour tout homme dans ses convictions. Au seuil de quel sanctuaire doit s’arrêter la caricature pour ne pas blesser l’autre ? Telle est la première question engageant la fraternité.
commencer par le respect
Chacun est fragile dans ses convictions spirituelles. Les personnes religieuses le savent bien, car la foi en Dieu les a sauvés et ça leur est cher. Me revient une phrase de Saint Paul : « Prenez garde, toutefois, que votre liberté ne devienne une pierre d'achoppement pour les faibles ». (1 Co 8, 9) Les faibles, ce ne sont pas les islamistes, certes, mais les musulmans modérés qui passent aujourd’hui un mauvais moment dans notre république et qui souffrent en silence. « Tu commenceras par le respect », dit le théologien Maurice Bellet. La devise de notre république ‘liberté, égalité, fraternité’ valorise aujourd’hui la liberté (d’expression). Quand valorisera-t-elle profondément la fraternité ?
P. Jean Michel Moysan
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luc barcelo (samedi, 24 octobre 2020 07:23)
enfin une petite voix qui ose dire des choses politiquement incorrect mais fratenellement combien correcte!!
je suis inquiet quant à l evolution de cette societe ou le respect de l autre se perd de plus en plus , combien de reactions agressives pour des petites choses dans la vie de tous les jours!
sous pretexte de la liberte , on peut tout dire , on laisse les emotions parler en premier ,sans analyser si l autre en face de nous ,notre frere est en capacite des les recevoir!