Cette phrase serait douce à nos oreilles, s’il n’y avait la
suite : « Proclamez que son crime est expié, qu’elle a reçu de la main du
Seigneur le double pour toutes ses fautes ». Ca
refroidit ! Ne flirte-t-on pas encore avec un Dieu culpabilisateur ?
Exil
Pour comprendre, il faut donc contextualiser. Les Israélites ont en exil à Babylone (vers 590 avant Jésus), trainés là-bas par les armées babyloniennes. Et quand on est dans une telle épreuve d’exil, on est mis à nus : reviennent les transgressions passées, les idolâtries, la médiocrité, les désobéissances à la Loi, les égarements, les injustices des marchands, etc… (comme aujourd’hui la période du Coronavirus nous met devant les yeux notre orgueil à nous sentir tout puissant !)… avec la question : ‘si Dieu s’est éloigné de nous et nous a laissé enchaînés, n’est-ce pas à cause de ces ‘casseroles’ du passé ?’ Soit, il y a eu des infidélités ! Mais jusqu’où doit-on payer ? Et le prophète Isaïe entend le Seigneur lui dire : « proclamez que son crime est expié ! » Le Seigneur ne garde pas la tête du coupable dans l’eau du remords. Il offre de repartir : ‘consolez mon peuple’.
Consoler
Et consoler, c’est deux choses : à la fois guérir d’une tristesse, en étant à côté du blessé de la vie, quand la vie est dure : « Il guérit ceux qui ont le cœur brisé, et il panse leurs blessures. » (Psaume 147:3) Consoler c’est aussi convoquer de l’amour pour qu’il nous touche et nous excite à changer nos cœurs !… Et l’amour à convoquer est ici l’amour de Dieu qui ne compte plus notre péché, l’absout et nous fait renaître. Prions comme le prophète Michée : « Qui est Dieu comme toi, pour enlever le crime, pour passer sur la révolte comme tu le fais…: un Dieu qui ne s’obstine pas pour toujours dans sa colère mais se plaît à manifester sa faveur ? De nouveau, tu nous montreras ta miséricorde, tu jetteras au fond de la mer tous nos péchés ! » (Michée 7, 18-19)
Mouvement intérieur
En parlant de la ‘consolation spirituelle’, Saint Ignace de Loyola dit ceci : « J'appelle consolation un mouvement intérieur qui est excité dans l'âme, par lequel elle commence à s'enflammer dans l'amour de son Créateur et Seigneur, et en vient à ne savoir plus aimer aucun objet créé sur la terre pour lui-même, mais uniquement dans le Créateur de toutes choses (…)» (ex 316). Quand Dieu enflamme l’âme de son amour, elle quitte ses amours tortueux, ses idolâtries. Elle en vient à combler les ravins qui la sépare de Dieu, en n’aimant que Dieu et toute chose en Dieu. Laissons l’Avent nous laisser enflammer par l’amour de Dieu et purifier notre vie !
P. Jean Michel Moysan