Chaque année, nous accompagnons une dizaine de couples qui se préparent au mariage dans la paroisse. Certains se marient ensuite en dehors de la paroisse (viennent aussi se marier dans la paroisse des couples qui ont vécu leur préparation au mariage ailleurs).
Le mot qui définit le mieux la situation des couples en préparation au mariage depuis le début de la crise du Covid, c’est l’incertitude. Le temps de préparation est incertain parce qu’il est très difficile pour eux de se projeter. Or la démarche de mariage, par définition, c’est se projeter à deux vers l’avenir… C’est un acte de confiance ! Or la confiance en l’avenir est mise à mal en ce moment.
Il s’agit d’un engagement de toute la vie (ce qui déjà n’est pas simple dans la culture actuelle). Mais voici que cette décision, qui d’habitude repose sur eux, et eux seuls, se trouve entravée par plein d’éléments extérieurs dus à la crise (impossibilité de célébrer la fête du mariage, mais peut-être aussi trop d’incertitude professionnelle).
Nous-mêmes, comme accompagnateurs, nous sommes désarçonnés. Notre parcours de préparation est basé sur la rencontre, sur l’échange entre les couples et avec nous. Il se vit dans un lien de confiance, dans un climat ecclésial de liberté de parole.
Et nous nous sentons très frustrés parce que la plupart de nos rencontres, cette année (2020-2021) ont dû avoir lieu par ordinateur, en visio.
Le lien, la proximité est beaucoup plus difficile… D’habitude, c’est pour nous un vrai plaisir d’accompagner les couples, de les écouter, de leur offrir cet espace d’échange et de réflexion. Cette relation a beaucoup plus de mal à se créer à travers les écrans – même si certains échanges ont pu se faire, malgré tout.
Le parcours que nous proposons cherche à proposer d’entrer dans la dimension spirituelle de la vie, de l’amour, du mariage. Le parcours des couples, leur entrée dans la vie spirituelle ne nous appartiennent pas.
On sait par expérience que tous les couples ne rejoindront pas nos assemblées du dimanche, par exemple.
Nous sommes habitués à ne pas avoir « la main » sur leur parcours.
Nous vivons cette mission comme des semeurs, comme dans la parabole : nous essayons de semer largement, en faisant confiance à « celui qui donne la croissance », et sans attendre de pouvoir récolter.
Mais il est vrai que cette année, malheureusement, avec la distance que nous impose le Covid, nous arrivons moins que d’habitude à sentir le groupe, à percevoir ce qui touche les couples dans ce que nous leur transmettons.
L’accent spirituel du parcours vise à approfondir le cœur de ce qu’est le mariage, et à relativiser par le fait même les aspects matériels (traiteur, salle pour la fête, etc.).
Hélas, cette année, les incertitudes sur ces aspects matériels très bousculés par le Covid leur ont fait prendre une importance plus grande encore que d’habitude.
En contre point de cela, nous avons jugé bon de les inciter à se marier malgré les aléas du moment. Nous les avons invités à ne pas retarder leur engagement, à ne pas se priver trop longtemps de la grâce du mariage… quitte à différer la fête qui entourera le mariage.
Car de nombreux mariage de 2020 ont été retardés à cette année.
Nous nous souvenons de cette jeune femme, l’an dernier, en plein confinement, en pleurs à l’idée de devoir reporter son mariage : « mon frère est lourdement handicapé, ma grand-mère aussi est très vulnérable… C’est impossible de se marier en leur absence… ».
C’est avec déchirement qu’elle et son fiancé ont dû se résoudre à reporter d’un an la célébration. Nous espérons que les mariages prévus pour 2021 pourront être célébrés sereinement…
Nous avons observé malgré tout une assiduité importante à nos rencontres en visio. Peut-être parce que chacun est chez soi à 18h, sans aucune activité du soir, et donc disponible ! Mais cela témoigne aussi, certainement, d’un désir de se préparer sérieusement, malgré le contexte. En dépit des conditions plus difficiles, nous sentons un intérêt, un échange, un cheminement, à la découverte de la grandeur du mariage chrétien.
Contraints par le temps à cause de la crise sanitaire, nous avons dû, plus que les autres années peut-être, aller à l’essentiel. Nous les avons « poussés », par exemple, sur la question suivante : « Percevez-vous la présence de Dieu dans votre amour ? » Question difficile, quelque peu déstabilisante…
La réponse est venue de façon indirecte ; plusieurs ont répondu ceci : oui, dans la naissance de notre enfant, Dieu était présent… Quelle belle découverte, quelle belle relecture de leur cheminement, et du passage de Dieu dans leur vie ! Nous avons cherché à approfondir cela avec eux. Car « celui qui aime connaît Dieu » (1 Jn 4, 7).
La vie de famille et de couple, en tant lieu de l’expérience de l’amour, peut être le lieu de la découverte de Dieu, de sa présence, de sa bonté… C’est la foi dont nous cherchons à témoigner.
Gaële et Yves-Marie, Philippe, P. Corentin
de l’équipe de préparation au mariage