Je comprends les auditeurs de la synagogue de Nazareth… Jésus est un des leurs… pourquoi leur serait-il supérieur ? « N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie
?»
Un homme
Ils l’ont connu depuis sa prime jeunesse et le voilà qu’il fait des miracles ! Tant que la personne de Jésus n’est pour nous qu’un homme, même le plus éminent peut-être, le plus pertinent de génération, le plus ‘immense’ des hommes que l’on a rencontré jusqu’ici, nous ne serons pas vraiment chrétiens. La foi ne nous aura pas touché : ‘Il s’étonna de leur manque de foi’ !
Fils de Dieu le Père
La foi en Jésus naît, non parce qu’on l’admire, mais parce que sa personne nous attire vers la rencontre profonde avec Dieu, nous le fait ‘voir’, même si Dieu reste invisible : « Qui m’a vu a vu le Père ! » Or ils ne voient qu’un homme (qui certes est puissant et parle bien) et ça ne les fait pas bouger d’un pouce dans leur vie. C’est quand Jésus fait fondre les défenses de méfiance (la Samaritaine), qu’il met l’âme à genoux (la femme hémorragique), qu’il touche l’intériorité (Zachée), qu’il ouvre les cœurs (Bartimée), qu’il met en route une conversion (Marie-Madeleine), c’est là que la foi commence ! Et ça change la vie ! Mais si nos défenses restent, si on pense qu’on n’aura rien à apprendre de lui, qu’il n’est qu’un humain comme un autre, un sage à la rigueur, rien ne se passera dans notre vie.
Jésus, le Fils de Dieu le Père, la ‘parfaite image de Dieu’ devrait briller beaucoup dans notre cœur profond, devrait éveiller cette sensibilité de notre âme à habiter ‘chez le Seigneur’ et à la présence des autres autour de nous (ils sont enfants de Dieu). Il devrait nous pousser à l’aventure du témoignage, comme Ezéchiel qui entend ceci : « Fils d’homme, je t’envoie vers les Fils d’Israël… car leurs fils ont un visage dur et le cœur obstiné. C’est vers eux que je t’envoie » (Ezéchiel, 2,4)
que notre amour soit au rendez-vous
Jésus a été envoyé aux juifs de la synagogue de Nazareth, sa propre patrie et il a eu une parole profonde : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres… ». Mais il trouve des cœurs durs et des visages obstinés devant lui. Nous savons que tout témoignage de foi est fragile, car l’accueil peut être ou non au rendez-vous. Mais face au refus, Jésus continue : « Alors Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant ! »
Notre monde est pétri de l’indifférence ou la méfiance vis-à-vis de Jésus (qu’a-t-il de plus qu’un autre sage ?). L’ouverture du cœur au religieux n’est plus socialement là. Et surtout il est pétri de la dureté des cœurs et des visages dans nos familles, du manque d’amour ! Nous sommes envoyés dans ce monde. Continuons à témoigner. Si la foi ne passe pas la rampe, que notre amour soit au moins au rendez-vous. C’est lui qui ouvrira les cœurs !
P. Jean Michel Moysan