Les apôtres ont fait beaucoup de choses dans leur journée… et Jésus les voit épuisés : « Venez à l’écart »… il est très humain, ce Jésus ! Et ils partent en barque, seuls loin de la foule, lui Jésus et ses disciples.
Ce texte dirait simplement la nécessité de prendre du repos après le travail et il convient bien pour nos vacances ! Les psychologues, les médecins en disent autant… et somme toute le bon sens commun ! Mais si on en reste là, on risque de rater le sens véritable du texte.
confiance au Seigneur qui repose
Les textes sur le repos dans la bible ont une connotation très particulière, par exemple quand Jésus dit « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et moi je vous donnerai le repos » (Mt 11, 28) ou quand le Seigneur parle dans le psaume 94 : « Quarante ans, leur génération m’a déçu… dans ma colère, j’en ai fait le serment : ‘jamais ils n’entreront dans mon repos’ ». Il s’agit ici d’un repos ‘en Dieu’, de la confiance au Seigneur qui repose, de l’ «abandon» intérieur qui recrée.
retrait, silence, contemplation et attention à la Présence
C’est là où pour nous commence la difficulté du texte ! Quand nous sommes fatigués après une journée, une semaine ou une année, nous allons davantage vers un apéritif entre amis, un séjour de vacances mérité, une grasse matinée plutôt que vers un temps d’oraison, qu’une écoute de la parole, qu’un temps de silence priant le long de la mer ou qu’une retraite de 3 jours. Pourquoi ? Parce que souvent nos ‘exercices spirituels’ ne sont pas des temps de repos, mais du travail où on lit, décortique l’évangile. Bref, c’est le ‘cérébral’ qui agit encore en nous. Nous restons tendus et cela nous fatigue avant même d’y aller. Or la prière est retrait, silence, contemplation et attention à la Présence.
Dieu est silence et Dieu est Parole
Que faire alors ? Modifier nos habitudes de rencontre avec le Seigneur. Comment ? En se mettant en silence comme le Seigneur le demande à Job : « Sois attentif, Job, écoute-moi ! Tais-toi, et je parlerai ! » (Job 33:31-33)… Elie va dans un endroit silencieux, l’Horeb où le Seigneur vient, non dans le feu et l’ouragan, mais ‘à travers le murmure d’une brise légère’ (1 Rois 19)…
Un des paradoxes de la foi est celui-ci : Dieu est silence et Dieu est Parole. Mais c’est le silence qui conduit à entendre sa parole à Lui, dans notre être sensible (et non dans le cérébral). Ceux qui ont goûté le silence savent que c’est reposant humainement déjà et que s’élançant vers Dieu, la confiance prépare très profondément la rencontre avec le Seigneur. Le psalmiste le dit : "Seigneur, je n'ai pas le cœur fier ni le regard ambitieux… Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse; mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère. Attends le Seigneur, Israël, maintenant et à jamais." (Psaume 130)
Prenons des moments de repos dans le Seigneur pendant ces vacances !
P. Jean Michel Moysan