Pendant cinq dimanches d’été, nous allons interrompre la lecture continue de l’Evangile selon Saint Marc pour lire le fameux chapitre sixième de Saint Jean. Il s’agit du long récit
sur le pain de Vie…
Miracle
...qui commence par la « multiplication des pains » et qui se poursuit par le « discours sur le pain de vie ». Saint Jean nous y livre une méditation sur l’Eucharistie et sur la Foi.
Ce récit est le seul miracle raconté par les quatre évangélistes (Matthieu, Marc, Luc et Jean). Jean à côté des synoptiques y a rajouté sa touche personnelle avec des expressions très fréquentes chez lui notamment, Jésus, les disciples, la foule (« une grande foule », la montagne sur l’autre rive, le temps de la Pâque, etc… En même temps est introduit le thème du « suivre Jésus ». La proximité de la Pâque, la localisation sur la montagne, l’évocation des signes (guérison de malades) créent pour des lecteurs familiers un rapprochement (qui va se faire de plus en plus précis) avec l’Exode et Moïse.
Dès le départ, le récit se centre sur Jésus. Il est le personnage qui mène tout : il voit la foule, il interroge Philippe en sachant ce qu’il va faire. Il ordonne à faire asseoir. Il garde l’initiative même pour la distribution des pains. On souligne le manque de foi chez Philippe et André devant la responsabilité que Jésus leur confie de nourrir eux-mêmes la foule affamée.
pour qu'ils aient la vie
Ajoutons que le récit, fait souvent penser à l’eucharistie : le langage est celui que les chrétiens de la communauté de Jean avaient coutume d’entendre au cours des célébrations eucharistiques, « Il prit les pains, il rendit grâce » (v. 11). Comme au soir de la Cène, Jésus lui-même distribue (et non les disciples comme dans les textes synoptiques. « Rien ne doit se perdre » (v. 12) : Cette remarque traduit le souci de dépasser le seul temps historique de Jésus. Jésus donne avec excès pour que l’Eglise, elle aussi, bénéficie du don. Jésus est venu "pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance" (Jean 10, 10). Il en faut suffisamment pour toutes les générations chrétiennes.
Le récit s’achève sur un malentendu. A travers le Signe, Jésus a dit quelque chose de son identité et de son enracinement dans l’histoire sainte : Prophète, il l’est, comme il est Messie (Jean 4, 19.26). La foule identifie en Jésus le Prophète annoncé par Moïse en Dt 18,15. Mais les juifs du temps de Jésus étaient divisés sur le rôle précis de ce prophète. C’est pourquoi Jésus s’enfuit, car il n’est pas prophète comme le souhaite le peuple en attente d’un messie terrestre.
Père Roger KUMBU