Dans le texte de ce dimanche, le litige qui oppose Jésus aux Juifs porte sur un point apparemment mineur de la conduite de ses disciples, « le fait de ne pas laver les mains avant le repas » (vv 3-4).
'un culte sans âme'
Ces pratiques minutieuses des Juifs à propos du repas remontent à la Loi de Moïse. Pour préserver le peuple élu dans son intégrité socio-religieuse, tout contact lui était interdit avec des personnes et des aliments déclarés « impurs » (Lv 11 – 16). Dans la vie courante, au retour des lieux publics et des marchés, les israélites se sentent rituellement « impurs » : n’ont-ils pas côtoyé des pécheurs et des païens (commerçants et occupants romains) ? D’où leurs abondantes purifications avant de se nourrir, et la question posée par Jésus sur le laxisme de ses amis par rapport à ces règles (v. 5).
Le Maître sans ambages, commence par dénoncer l’hypocrisie de ses adversaires, c’est-à-dire leur fausseté (v. 6-7). Comme il s’adresse à des spécialistes de la Bible, Jésus en appelle à l’Ecriture (ici Is 29,13). Déjà Osée, le prophète du VIIIème siècle, dénonçait chez ses compatriotes un culte sans âme (Os 5, 1-15). Jésus n’a pas peur de reprendre ce jugement sévère et conclut : « Vous substituer des traditions toutes humaines à la parole de Dieu ! » (v. 8).
Chacun vaut devant Dieu, ce que vaut son cœur
Jésus ne récuse pas leur intention louable de vouloir que la religion soit bien une réalité faisant corps avec le quotidien de la vie. Cependant, selon lui, cette intention ne doit jamais masquer l’essentiel : l’état de notre cœur, la limpidité de notre conscience, l’engagement loyal de notre liberté en face de Dieu qui bannit tout esprit de sectarisme et nous ouvre à l’universel. Chacun vaut devant Dieu, ce que vaut son cœur : n’est-ce pas de lui que doit procéder le culte à lui rendre par toute notre existence ? Ce centre de nous-même, c’est-à-dire notre cœur où se prennent les décisions de notre liberté, que les comportements religieux doivent exprimer. Dans la Bible, le cœur est le siège des pensées comme des affections. C’est là que naissent les perversions morales. La liste fort longue qui en est donnée ici correspond au catalogue des vices que l’on trouve chez les moralistes du temps (Cf. Ga 5, 19-21). C’est aussi de notre cœur que viennent tous actes bons et bienfaisants.
ne chercher qu’à t’aimer et à aimer le prochain
Le christianisme naissant s’est fortement heurté au problème de l’accueil des païens convertis. La pratique juive des repas, soumis aux règles de la pureté rituelle, empêchait la fréquentation des étrangers, même s’ils étaient devenus frères dans la foi. (Cf. Ac. 10, 1 – 11,18) La grande leçon que nous pouvons retenir de cette péricope de Saint Marc, est que Jésus a un sens très vif de « l’universalisme ». Seigneur apprend-nous l’universel, apprend-nous l’ouverture à l’autre quelles que soient ses origines, son appartenance, ses tendances, sa race, etc… aide-nous à distinguer l’essentiel de ton message de toutes nos coutumes traditionnelles qui rebuteraient les hommes de notre temps sans raison pour ne chercher qu’à t’aimer et à aimer le prochain.
Père Roger KUMBU SITU