Ne le faites pas ! Je vous en prie ! Vous risquez d’être très handicapé pour porter secours, car les personnes fragiles ont besoin des deux mains emplies de bonté pour être secourues !
Gardez vos mains, mais qu’elles ne servent pas à frapper, à cogner, à blesser! Car Dieu ne supporte pas cela : « Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas. » (Mc 9, 43). Idem pour nos pieds et nos yeux !
chacun de nous aura à rendre compte
Nous n’aimons pas ces phrases-là nous menaçant de l’enfer ! Beaucoup de chrétiens disent que l’enfer n’existe pas, avec la pensée que ‘nous irons tous au paradis’, comme dit la chanson ! Or Jésus est loin de cette pensée-là ! Car il pense aux victimes, aux petits que l’on cogne, que l’on bafoue, que l’on sacrifie sur l’autel des intérêts particuliers ! Que pensent-ils, ces victimes, des chrétiens et de leur Dieu ‘miséricordieux’, semblant les oublier. Or chacun de nous aura à rendre compte ‘un jour’ de ce que nous avons fait de nos mains, de nos pieds, de nos regards ? Ce n’est que justice ! Réveillons-nous !
Pourquoi Jésus est-il ici aussi radical ?
Pourquoi Jésus est-il ici aussi radical, alors qu’il accueille bien ‘les publicains et les pécheurs’ notoires ? Relisons quelques textes de colère. A Caïn qui a tué son frère Abel, Dieu dit: « Qu'as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu'à moi. » (Gn 4) ou « Un pauvre crie, le Seigneur entend » (Ps 33, 7) ou le proverbe biblique suivant : « Oui… qui poursuit le mal va vers la mort ! Le Seigneur a horreur des esprits retors ; les gens à la conduite intègre lui plaisent. Promis, juré, le malfaiteur ne restera pas impuni, mais la race des justes sera sauve ! » (Proverbes 11, 19-21)
La foi en Jésus
Sur ce point, Jésus est dans la droite ligne de l’Ancien Testament : « Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules…» (Mt 9, 42). Frapper quelqu’un, le cogner, l’humilier, mal le regarder, c’est casser en lui la foi, d’abord la foi dans l’amour, dans le respect, dans la justice et ensuite la foi en Dieu, en Jésus. La foi en Dieu, la foi en soi, la foi en l’homme, que c’est fragile ! Jésus est furieux, car c’est la foi qui est en jeu !
Je prie pour que la foi en Jésus nous ouvre les yeux sur nos accès de méchanceté (qui n’en a pas ?), nos colères et pour que nous coupions, non nos mains, nos pieds, mais la méchanceté à la racine de nous-mêmes… Saint Paul le répète à son disciple Timothée : « Or, il ne faut pas qu'un serviteur du Seigneur ait des querelles; il doit, au contraire, avoir de la condescendance pour tous, être propre à enseigner, doué de patience…» (2 Tim 2, 24-26)
P. Jean Michel Moysan