Pourquoi y avait-il besoin de changer ? Nous étions habitués à cette traduction ! Une nouvelle traduction apportera-t-elle du neuf ?
un rite est une entité vivante
Disons d’abord que la messe actuelle dite de Paul VI a été promulguée en latin en 1969, suite à un souhait des évêques au Concile Vatican II de réformer la liturgie. Ce concile a proposé de plus qu’elle soit dite en ‘langue vernaculaire’, c’est-à-dire en langue locale. Depuis 1970, nous prions en français dans la liturgie ordinaire du rite Romain. Le Livre de ce rite, c’est le Missel Romain. Or un rite est une entité vivante… il évolue. Dans la version française, des éléments ont être rajoutés, par exemple la nouvelle traduction du Notre Père en 2017, la traduction nouvelle des textes de la Parole de Dieu en 2013.
dignité et la beauté de la célébration liturgique
A un moment donné, un besoin s’est fait sentir de renouveler la traduction du Missel romain en entier. Comment se fait une nouvelle traduction ? Notons qu’elle est faite à partir du latin, langue officielle de l’Eglise romaine latine (il y a d’autres rites catholiques non latins, comme le rite copte, arménien, maronite…).. Or traduire est exigeant et demande plusieurs fidélités. La fidélité au texte latin en est une des premières, pour qu’il corresponde à la vérité d’une foi catholique et que tous les catholiques du monde puissent communier au même rite.
Mais il s’est avéré que traduire ‘mot à mot’ à partir du latin peut se révéler inadéquat : expressions aujourd’hui inaudibles, contresens possibles. Il s’agit donc aussi de respecter la langue d’un peuple et son génie, de toucher l’âme du peuple chrétien de telle langue. Deuxième fidélité. « Car, dans la liturgie, Dieu parle à son peuple ; le Christ annonce encore l’Évangile. Et le peuple répond à Dieu par les chants et la prière », dit la Constitution sur la sainte liturgie Sacrosanctum concilium (no 33). Chaque peuple a une sensibilité spirituelle, des expressions qui lui sont propres pour entrer dans le mystère. Quand le français ouvre sa langue à la prière, il permet aux peuples francophones d’habiter le Mystère de Dieu avec ses propres mots, sa grammaire, ses expressions, ses métaphores… « En employant les mots de louange et d’adoration, qui incitent à une attitude de révérence et de gratitude envers la majesté de Dieu…et sa nature transcendante, les traductions contribuent à combler la faim et la soif du Dieu vivant, éprouvées par le peuple de notre temps, tout en contribuant en même temps à la dignité et à la beauté de la célébration liturgique. » (Congrégation du culte divin)
Puisse la Nouvelle traduction du Missel nous permettre de redécouvrir et donc de goûter davantage la célébration du Mystère de la Mort, de la Résurrection et de l’Attente du Seigneur, centre de notre foi.
P. Jean Michel Moysan, curé