Toutes les 5 minutes, une nouvelle dose d’info. Peut-être la face du monde a-t-elle changé pendant que je faisais autre chose ? Peut-être la guerre est-elle terminée depuis tout à l’heure ? La Covid s’est-elle éteinte depuis hier ?
démangeaison d’information
Alertes en temps réel, « lives », chaines d’information en continu… cela ne s’arrête jamais.
C’est d’abord par charité que l’on tient à suivre avec attention l’information. A propos de la guerre en Ukraine, par exemple, on veut s’informer parce qu’on veut communier aux souffrances de nos frères, pour les confier à Dieu…
Malgré ces nobles intentions, un risque se présente : celui d’un rapport addictif à l’information. L’info peut occuper tout l’espace de nos pensées, comme dans un « manque » pareil à celui du toxicomane. « Cela fait déjà une demie journée que je n’ai pas eu la dernière info… ». C’est alors moins le rapport à l’autre que nous cherchons, qu’une espèce de démangeaison d’information qui s’installe… On risque alors de tomber dans l’esclavage à l’information.
bon dosage
Or le Carême est fondamentalement une sortie de l’esclavage. Le Carême nous est donné par le Seigneur pour notre liberté. Dans le temps de conversion, c’est tout ce qui nous rend esclaves que nous apprenons à tenir à distance, pour nous approcher de Dieu. Il ne s’agit pas de condamner le besoin d’information, mais de trouver le bon usage, le bon dosage, celui qui nous laisse libre - celui qui nous rend de plus en plus libre. Comme en toute chose, il est question de mesure. Chacun peut dire : l’info est bonne pour moi dans la mesure où elle me rend proche de telle ou telle situation et me pousse à agir, à prier… mais elle ne l’est plus lorsqu’elle devient obsédante, accaparante, lorsqu’elle devient un flot de paroles incessant dans lequel je me noie…
Bonne Nouvelle de Jésus-Christ
Il existe une autre « information », une autre parole, toujours bonne et actuelle : la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. C’est cette « information » là que nous sommes appelés à accueillir pendant le Carême. L’Évangile est plus qu’une information : il est une main tendue par Dieu, un dialogue ouvert, un amour qui s’offre. Que notre empressement à nous informer s’oriente vers la Bonne Nouvelle. Le Carême est là pour que notre charité ne soit pas exclusivement tendue vers l’autre bout de l’Europe ou de la planète, mais aussi vers l’autre bout de la rue, vers le prochain qui est proche. Tout en gardant nos yeux et nos oreilles ouverts sur le monde, pour confier le monde au Seigneur, entrons toujours plus profondément dans la Bonne Nouvelle de la liberté des enfants de Dieu. « Elle est tout proche de toi la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur » Rm 10, 8.
P. Corentin Sanson