Encore la croix ! Les chrétiens sont morbides, doloristes ! Et d’ailleurs leur signe, c’est la croix ! Le christianisme n’est pas très joyeux comme religion !
La souffrance existe et elle sera là tant que nous cheminons
Ces réflexions pullulent… et elles vous ont peut-être traversés. On a beau dire que le centre de la foi en Jésus, c’est la bonne nouvelle de la résurrection : «Mais maintenant, Christ est ressuscité des morts, premier ressuscité de ceux qui se sont endormis » (1 Corinthiens 15, 20), dit Saint Paul … on a beau dire cela, le fait que la Croix est le symbole des chrétiens reste toujours en travers de la gorge de beaucoup ! Pourquoi prendre ce symbole clé de la souffrance ? La réponse est claire : parce qu’il ne faut pas la cacher ! La souffrance existe et elle sera là, tant que nous ‘cheminons’ (même si on est croyant) ! Soit on la met sous le tapis, en feignant un discours religieux de joie (Jésus est ressuscité, la souffrance n’existe plus !) Soit on la regarde en face, et alors on en prend au sérieux le poids destructeur. Alors il nous faut sortir de nous-mêmes et rechercher des ressources spirituelles pour la vivre, pour la supporter ou pour en sortir !
Jésus assume tout
Pour vivre la souffrance, la foi chrétienne invite à regarder la personne de Jésus crucifié, car en elle, la souffrance et la mort sont vaincues… saint Paul dit ceci : « Souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts, le descendant de David :… Voici une parole digne de foi : si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. Si nous supportons l’épreuve, avec lui nous régnerons. » (2 Tim 2, 8).
Pourquoi faut-il le passage par la croix du Christ pour cela ? La réponse est donnée par les Pères de l’Eglise : « Tout ce qui n’est pas assumé n’est pas sauvé » (Saint Grégoire de Naziance, Lettre 101, 32). Jésus assume tout, y compris la souffrance, le péché des hommes (qu’il supporte)… et il traverse tout cela pour nous en libérer avec un grand amour, une grande foi en Dieu son Père et une grande espérance… et cela, c’est la croix, et c’est puissant ! car « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13)
Quand nous regardons Jésus en croix seulement, c’est la souffrance qui apparait, c’est-à-dire notre miroir… mais si nous y regardons l’Amour donné à Dieu jusqu’à la Croix cela nous déplace et notre souffrance est alors baignée de son amour crucifié ! Le Salut est là. Nous pouvons revivre !
Le point de conversion est celui-ci : ne pas s’enfermer sur sa douleur, mais regarder vers l’amour crucifié, même si cela peut être très difficile à certains moments de doute et de souffrance. Que Dieu le Père nous en donne la Grâce à ce moment-là.
P. Jean Michel Moysan