Si quelqu’un d’inconnu vous invite à ‘jeter le filet à droite de la barque’, alors qu’il n’y a pas de fruits dans votre vie de chrétien, où vous avez passé la nuit sans rien prendre, où personne ne vous écoute, ni ne se convertit autour de vous, n’hésitez pas un instant… allez-y !
Ces paroles peuvent vous paraître énigmatiques… comme elles ont pu être extravagantes pour les apôtres bredouilles au bout d’une nuit de pêche infructueuse.
« sans moi, vous ne pouvez rien faire »
Nous sommes ici après la mort de Jésus. De pêcheurs au filet, ils étaient devenus pécheurs d’hommes et ils ont été envoyés sur les routes de Galilée avec du succès visiblement. Jésus n’est plus là, comme la force spirituelle qui de loin, était là à les stimuler, à les consoler, à les envoyer sans cesse…. Ils n’ont pas cela et ils reviennent donc à leur métier d’antan, comme s’ils revenaient à leur vie antérieure. Et de plus ça ne marche pas, car ils ne prennent rien dans leur filet. Sans Jésus, on ne prend rien dans ses filets, car « sans moi, vous ne pouvez rien faire ». Jésus n’est plus là physiquement pour les appeler, les envoyer… Mais il appelle toujours, depuis son éternité de Fils de Dieu, à travers ces médiations humaines qui ont faim spirituellement (‘Eh les enfants, auriez-vous un peu de poisson ?’ )… Rappelons-nous que le mot ‘poisson’, c’est en grec ‘Ichtus’, c’est le sigle caché (l’acronyme) de « Jésus Christ, fils de Dieu, Sauveur »… et donc la demande qui nous est faite serait celle-ci : « Auriez-vous un peu de Jésus-Christ en vous, car j’ai faim ! ».
Entendrons-nous l’appel
Certes, cette faim de Jésus est loin d’être évidente aujourd’hui dans notre culture française. Mais si on ne dit pas qu’il y a une attente de Dieu dans notre culture, que Jésus est le seul qui puisse nous rendre le salut, aura-t-on envie d’être envoyé ‘vers les païens’ comme saint Paul ? Il y va de notre foi que sur le rivage appelle quelqu’un ‘que vous connaissez pas’ et qui nous pousse en avant ‘jetez les filets à droite’, alors que le filet est vide ! Et c’est en obéissant à cet appel d’un étranger qu’ils re-portent des fruits, et ils découvrent ‘le Seigneur’. Ils avaient obéi à un humain, et c’est le Seigneur qui les poussaient à l’aventure de la foi.
Parlons de cet appel à revenir à la ‘pêche des humains’. Dans le récit, sur la plage Jésus va re-appeler Pierre par trois fois : ‘ Sois le berger de mes brebis’ (Jean 21,1). De pêcheur de poissons, il va re-devenir pêcheur d’hommes. Mais pour cela, il faut répondre au Seigneur : « M’aimes-tu plus que ceux-ci ? » C’est l’Amour pour Jésus qui nous sollicite d’abord… l’appel vient ensuite ! Et ils nous appellent tous ! Entendrons-nous l’appel du Ressuscité à l’aimer et à être pêcheurs d’homme ?
P. Jean Michel Moysan