J’aime bien cet enthousiasme spontané. Quand on a été touché par la Grâce, il y a de quoi tout vendre et le suivre ! Or Jésus douche son ardeur ! Comment comprendre cela ?
Jésus sait qu’il doit prendre la route de Jérusalem où l’attend des moments sombres de haine, d’opposition et même la mort. Mais en conscience spirituelle, il ‘doit’ y aller : « Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem» (verset 51). Pour Jésus, il y a ici un moment de choix radical. Soit il y a va, soit il fuit ! Et il sait bien qu’à Jérusalem, «Le fils de l’homme n’a aucun endroit où reposer la tête» (verset 58).
Seule sa mère sera là
Jésus ne pourra se reposer sur l’amitié de son peuple…car entre eux, il n’y a plus d’amour… trop de haine ! Ils le mettront à mort : «Le jour, mes ennemis m’outragent ; dans leur rage contre moi, ils me maudissent» (psaume 101, 9) L’hostilité, ce n’est pas vraiment de tout repos ! Le fils de l’homme ne pourra pas s’appuyer sur le soutien de sa famille. Seule sa mère sera là au pied de la croix, selon saint Jean. Le fils de l’homme ne pourra pas reposer sur l’affection de ses disciples, car ils partiront tous, il sera seul : « Même l’ami qui avait ma confiance a détourné de moi les talons » ! Le soir du dernier repas, le fils de l’homme n’aura pas où reposer la tête, il passera la nuit en prison. Dormira-t-il ? «Je ressemble au corbeau du désert, je suis pareil à la hulotte des ruines : je veille la nuit, comme un oiseau solitaire sur un toit».(Ps 101,2-8)
seul Dieu son Père est «l’endroit où il pourra reposer la tête»
Où pourra-t-il se reposer ce fils de l’homme ? A un seul moment, à la fin, il dira «en tes mains, Seigneur, je remets mon esprit »… Pendant sa passion, seul Dieu son Père est «l’endroit où il pourra reposer la tête». En décidant d’aller à Jérusalem, Jésus est dans un moment de choix radical, comme quelquefois dans nos vies. Par exemple, une décision à prendre (où il faut quitter des certitudes, un pays, une mauvaise posture morale) et là on ne se repose pas vraiment… c’est le trouble, sauf quand la décision est prise !
Le moment radical peut être une décision de s’opposer, en famille, en association, en Eglise parfois, parce que ça touche la foi… nos appuis s’effondrent. Nous restons seuls, avec comme seul appui le Seigneur. Le mot ‘radical’ vient de racine. Un choix radical touche à la racine de nous-mêmes. Mais pour prendre ce choix, il faut l’enthousiasme de cet homme : « Je te suivrai partout où tu iras »… Demandons que la foi en Jésus soit à la racine de nous-mêmes et non en superficie… pour que l’enthousiasme ne dépérisse pas et que nous prenions la route !
P. Jean Michel Moysan