Quand on vient dans une église au milieu de turbulences familiales, ces textes apaisent et donnent le ton du ‘vrai’ : la violence est a-normale, c’est la paix qui est la normalité ! De plus, être homme de paix n’est-ce pas une injonction de Jésus, notre maître !
« Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups »
Quand Jésus envoie ses 72 disciples en mission, il leur dit : « Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups » (verset 3). Etre au milieu des loups, c’est la situation où on peut être parfois… en famille, dans des associations, dans l’Eglise peut-être, tellement la colère, l’animosité, la rancune, le désir de dévorer et de persécuter peut empoisonner toutes les relations. La violence, c’est de l’irrationnel qui tombe ‘comme ça’. A Jérusalem qui n’est pas restée fidèle au Seigneur et à la Loi, le prophète Jérémie, au 6ème siècle, ne s’étonne pas que la violence des peuples étrangers se soit abattue sur eux : « Voilà pourquoi le lion les attaque depuis la forêt, le loup des steppes les dévaste… car leurs révoltes se sont multipliés et leurs infidélités n’ont cessé de grandir… Tes fils m’ont abandonné ! » (Jérémie 5, 6)… n’étant plus dans la vérité morale, ayant quitté Dieu, des loups les attaquent ! Et ils sont fragilisés, n’ayant plus d’appui.
« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix".
La rencontre des autres pour un chrétien est à vivre dans la droiture du cœur où la malice n’a pas de place… où il n’y a pas de double fond, de discours voulant cacher, séduire, posséder, rabaisser… Et la bible s’attache à discerner ces folies dans le cœur des gens, notamment des puissants. Ezéchiel, à propos de Jérusalem dit : « Ses chefs sont dans son sein comme des loups qui déchirent leur proie; ils répandent le sang, perdent les âmes, pour assouvir leur cupidité. » (Ezéchiel 22, 27) ou saint Paul dans le discours d’adieu aux chrétiens d’Ephèse leur dit : « Je sais qu'il s'introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels qui n'épargneront pas le troupeau… soyez donc vigilants » (Actes, 20, 29)
L’œuvre de Jésus en ses disciples, la rédemption qu’il fait advenir en nous, c’est de nous mettre dans la paix : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble point, et ne s'alarme point. » (Jean 14, 27) Saint Paul, aux chrétiens d’Ephèse, dit bien à propos du Christ : « Il est notre paix, lui qui des deux peuples (des juifs et des païens) n'en a fait qu'un, et qui a renversé le mur de séparation, l'inimitié » (Ephésiens 2, 14)
Que ce combat spirituel pour la paix en nous-mêmes soit mené avec droiture et persévérance, car là sera notre force au milieu des loups !
P. Jean Michel Moysan