Un jour nous devrons tout quitter. Nous devrons aller vers Dieu tout ‘nus’, avec comme seul bagage la somme d’amour donné et l’état de fermeture de notre cœur !
Nous nous en irons pour le Jugement ! C’est ce que dit le pape François reprenant une parole de Saint Jean de la Croix : « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour, sur la proximité et sur la tendresse envers les frères. C’est cela qui permettra ou non notre entrée dans le règne de Dieu » (catéchèse du Pape François)
Seigneur, tu m’as séduit, et j’ai été séduit
Cette accumulation de biens peut vraiment nous barrer l’entrée dans le Règne ? Oui d’après le Pape François. Nous pouvons être agacé par cette idée-là : l’accumulation des choses serait un frein pour la rencontre de Dieu, maintenant et après la mort ! Dois-je donc me faire moine et tout quitter pour le Royaume ? Dois-je ne plus accumuler de richesses ? Mais alors qui paiera mon loyer, ma retraite et les études de mes enfants ?
Ces questions ont le droit d’être, mais il nous faut les dépasser, sinon nous ne ferons aucun progrès dans la vie spirituelle, c’est-à-dire l’aventure de l’âme vers l’Absolu de Dieu. Car la vie spirituelle est d’abord la rencontre d’un Amour qui nous prend : «Tu m’as séduit et je me suis laissé séduire Seigneur, tu m’as séduit, et j’ai été séduit ; tu m’as saisi, et tu as réussi», prie Jérémie (Jérémie 20, 7). Cette rencontre de Dieu nous creuse et nous engage dans des objectifs nouveaux de vie… et nous apprend la ‘relativité des biens’. Elle nous apprend que la relation avec Quelqu’un et accumulation d’avoir ne font pas bon ménage.
je ne t'abandonnerai pas
La vie spirituelle nous met en tension sur ce que nous accumulons, sur notre ‘avoir’, alors qu’il s’agit d’être. Cette mise en tension, je ne l’ai pas inventée, elle vient de Jésus lui--même : « Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent » (Matthieu 6, 24); « Que votre conduite ne soit pas guidée par l'amour de l'argent, contentez-vous de ce que vous avez. En effet, Dieu lui-même a dit: Je ne te délaisserai pas et je ne t'abandonnerai pas ».(Hébreux 13:5)
Comment résoudre cette tension ? Discerner ce qu’il est nécessaire d’accumuler pour notre vie, lâcher le superflu et devenir libre, vivre la relation intérieure à Dieu et la relation donnée aux autres : « C'est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Tenez donc ferme dans cette liberté et ne vous placez pas de nouveau sous la contrainte d’un esclavage. » (Galates 5, 1). Laissons-nous toucher par le Seigneur, il nous fera comprendre que le Ciel se décide sur l’amour et que notre vie terrestre doit être guidé par ce rayon de Vérité. C’est un peu fou dans notre société actuelle… vous ne trouvez pas ?
Père Jean Michel Moysan, curé