Le prophète Habacuc parle comme à notre époque. Il emploie les mots d’aujourd’hui ! « Que fait le bon Dieu… on a beau appeler ? »… ces questions sur Dieu ou à Dieu sont vraiment éternelles !
Dieu, le protecteur de toujours
Situons : nous sommes en 610 avant Jésus… Habacuc est un témoin de l’invasion qu’il voit venir des Chaldéens, peuple habitant Babylone encore plus violent que les Assyriens qu’ils ont battu à plate couture. Tout le monde a peur ! Et Dieu, le protecteur de toujours, que fait-il pour ce peuple petit et fragile ? On a beau crier… Mais Habacuc, l’homme de Dieu reçoit intérieurement cette réponse : « Alors le Seigneur me répondit : ‘Tu vas mettre par écrit une vision, clairement, sur des tablettes, pour qu’on puisse la lire couramment.’ »
Une vision dans la bible est ce que le Seigneur ‘fait voir’ à l’homme de Dieu, quand ce dernier pose la question : « fais nous voir Seigneur ton amour et donne-nous ton salut » (psaume 84)
Ce ‘voir intérieur’ est celui donné à certains moments à ceux qui prient : dans les périodes de malheur, ils ‘voient’ de belles choses apparaître, ils voient l’action de Dieu présent, ils ‘voient’ l’amour de Dieu venir habiter les lieux de haine (comme dans les camps). Mais cela demande de voir les choses ‘du point de vue de Dieu’. Au cœur même de notre quotidien, Il faut demander cette ‘vision’ à Dieu dans la prière… surtout pour les autres qui ne voient pas ! Le prophète qui ‘voit’ est là pour aider ceux qui ne voient pas, lorsque le malheur plonge dans la nuit !
la Gloire du Seigneur remplira la terre
Quelle est le contenu de cette vision ? « celui qui est insolant (comme les Chaldéens) n’a pas l’âme droite, le juste vivra par sa fidélité » ou encore plus loin (non retenu par le texte liturgique)… « La connaissance de la Gloire du Seigneur remplira la terre, comme les eaux recouvrent le fond des mers ».
En terre chrétienne, nous dirions : la résurrection du Christ (la Gloire) est appelée à ‘remplir la terre’. C’est ce qui nous est promis ! Cette foi et une ‘âme droite’ nous feront vivre, car pour nous, le malheur n’aura pas le dernier mot. Cette certitude nous fera déplacer les montagnes de la peur, de la désespérance, du découragement ! Restons fidèle à Lui, car « le Juste vivra par sa fidélité ».
Et surtout si nous avons des bribes de ‘vision’, partageons-les à ceux qui ne ‘voient’ pas et qui sont impatients : « elle (cette vision) tendra vers son accomplissement, et ne décevra pas. Si elle paraît tarder, attends-la… » Soyons des hommes et des femmes qui soutiennent l’espérance de leurs frères et sœurs. C’est là l’essence de l’Eglise !
P. Jean Michel Moysan