Ces paroles du prophète Joël peuvent sembler bien difficiles… Et pourtant...
Après le premier confinement, j’ai découvert la démarche d’un jeune finistérien bretonnant : Per vari Kervareg.
Il a perdu sa grand-mère alors que les enterrements n’étaient pas permis. Son grand-père lui a alors demandé de créer un bel hommage musical à sa grand-mère qu’ils ont pu vivre trois mois plus tard.
une famille où la mort n’était pas taboue
… Originaire du nord Finistère, j’ai grandi dans une famille où la mort n’était pas taboue, où j’ai pu vivre en famille, en communauté paroissiale des rites qui m’ont fait entrer dans le processus de deuil pour le décès de ma grand-mère particulièrement. Jeune adulte, je me souviens encore de préparer un pèlerinage à Lourdes avec une amie qui venait de perdre sa maman. Elle m’a alors transmis le petit livre ‘Aimer, Perdre, Grandir’ de Jean Monbourquette. Ce québécois, prêtre et psychologue, m’a permis de mettre des mots sur le processus de deuil et surtout de découvrir qu’il peut y avoir un chemin dans la traversée de l’épreuve et des ressources pour grandir et continuer à vivre.
deuil, vieux mot français qui signifie douleur
… Je reprends ici quelques mots du livre : ‘Aimer, Perdre, Grandir’: « Les soignants modernes de l’âme humaine n’ont commencé que tout récemment à s’intéresser à la démarche de résolution d’un deuil, vieux mot français qui signifie douleur. Des civilisations anciennes le faisaient depuis longtemps. Elles avaient inventé des rituels permettant de vivre sainement une séparation ou une perte affective. » …
Dans un autre de ses livres écrit avec Isabelle d’Apsremont : ‘Excusez-moi, je suis en deuil’, il raconte cette anecdote : "Un bucheron s’agenouilla à côté de la dépouille mortelle de son ami. Il récitait le chapelet. A chaque dizaine, il réglait ses comptes avec le défunt : la hache que je t’ai prêtée et que tu as perdue dans le bois, je te la donne. Je vous salue Marie, à la dizaine suivante, les 20 dollars que je t’ai prêtés et que tu ne m’as jamais rendus, je te les donne. Je vous salue Marie. L’homme exprima ensuite ses regrets : Pour la fois où j’ai incité les autres à rire de toi, je te demande pardon... Je vous salue Marie... Le chapelet terminé, il se leva la conscience en paix."
retrouver un autre goût à la vie, dans la Communion des Saints
…A l’invitation du prophète Joël, je me demande aujourd’hui comment renouveler en communauté la possibilité de pleurer ensemble et de vivre les deuils… pour retrouver un autre goût à la vie, dans la Communion des Saints. Oui le deuil vécu dans un réseau amical, familial, paroissial peut mener au cœur à cœur avec le Seigneur... Il est aussi pour certaines personnes le lieu de l’émergence de la vie intérieure, de la vie en Dieu.
Armelle Le Port,
pôle pastorale, Enseignement catholique - extrait de la 2ème vidéo de Carême