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« Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. »

 

L’Evangile d’aujourd’hui est rude et nous pouvons tous y être confrontés : dire à quelqu’un son mauvais comportement, car ça ‘pourrit toutes les relations’. Le judaïsme d’avant Jésus avait mis des règles assez strictes pour épurer la vie relationnelle et communautaire. « Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur. mais tu devras réprimander ton compatriote, et tu ne toléreras pas la faute qui est en lui. Tu ne te vengeras pas. Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis le Seigneur. » (Lévitique 19, 17)

Quel est l’enjeu ? Il est moral : faire la vérité entre nous et mettre au jour la blessure infligée par le pécheur (c’est injuste) et rétablir, si possible (!) la fraternité dans la communauté.

Mais pour les chrétiens, l’enjeu est spirituel… en quoi ? le début du chapitre 19 du Lévitique dit : «le Seigneur adressa la parole à Moïse : parle à tous les fils d’Isaël, tu leur diras : ‘Soyez saints, car je suis saint, moi, le Seigneur, votre Dieu’ »…l’enjeu est donc de sainteté : « Dieu est lumière, et les ténèbres, il n’y a pas de trace en lui. Si nous disons : ‘nous sommes en communion avec lui’ tout en marchant dans les ténèbres, nous mentons et nous ne faisons pas la vérité (1 jn 1, 5-6) » …

Intuitivement, c’est clair : toute faute grave contre son frère (insulte, haine, violence physique ou morale, humiliation publique, emprise dû à un orgueil démesuré, silence mortifère, regards de jalousie), c’est du chaos produit, de la destruction massive, d’âme et de corps, de l’enfer provoqué autour de nous… c’est trainer dans les bas fond de l’inhumain. Et pour les faire disparaître (c’est le but de la sainteté) il faut bien les mettre à jour.

Combien de personnes cachent leurs frasques pour les continuer et ainsi dominer ? Or dans le Christ, « Il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu » (Luc 12 :2-3). Le Christ est venu pour faire la vérité et mettre au jour la destruction faite par nos actes et ainsi nous purifier, purifier la communauté… pourquoi faut-il les trois étapes pour la reconnaissance du péché (seul à seul, à 2 ou 3, puis devant tous), c’est parce qu’on veut cacher ses ténèbres… Mais tout doit être purifié et purifié sans haine, avec douceur, avec beaucoup de respect, par étapes… Mais sachons que c’est gagner nos frères à la sainteté qui est l’enjeu : « S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. »

 

Père Jean-Michel Moysan