Jésus s’adresse aux foules et fait une critique impitoyable de leurs chefs : « n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas ». Ce verdit est certes une critique éternelle faite à tous les dirigeants de tous les temps… qu’y a-t-il de neuf ! Ceci : celui qui enseigne les choses profondes de Dieu doit les vivre et surtout il doit vivre tout ce qu’il enseigne. Sinon, c’est de l’hypocrisie : « ils attachent de puissants fardeaux difficiles à porter, mais ils ne peuvent les remuer du doigt »
Interprétons pour aujourd’hui : Quand on est pasteur d’âmes, on peut être tenté de mettre la ‘pression spirituelle’, en disant qu’un chrétien devrait… lutter pour la justice, prendre en charge l’Eglise, monter au créneau dans les questions de fin de vie, ne pas absent des débats écologiques… tout devient urgent, exigeant et de l’ordre d’un impératif... Mais lui-même le fait-il ? De plus n’est-il pas en train de charger la barque bientôt trop lourde du fidèle? Or le propre du pasteur est aussi de proposer la vie chrétienne et ses exigences. Quel est la voie pour sortir de ce nœud ? La suite du texte le dit :
- « ne vous faites pas donner le titre de Rabbi »… car celui qui interprète (c’est la fonction du Rabbi) ce que doit être la vie chrétienne, c’est Dieu (et non pas le pasteur) et donc c’est soi-même devant Dieu. Il s’agit de discerner les exigences qui sont pour nous et que nous pouvons porter, cela devant Dieu ! Et c’est tout !
- « Vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux ». le Pasteur d’âmes est celui qui engendre à la vie chrétienne et à ses exigences. Or il n’a pas à forcer spirituellement les fidèles par des poids trop lourds, car celui qui engendre à la vie chrétienne, c’est Dieu le Père qui est Vie et engendre à la liberté spirituelle ! C’est lui le référent !
- « Vous n’avez qu’un seul maître, le Christ »… Or le Christ, c’est le Christ crucifié… se chargeant par sa Croix des croix des hommes… les exigences chrétiennes sont quelquefois des croix et elles sont à mettre ‘en Lui’ … et non pas à gérer par ses propres forces : « venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau ».
Il ne s’agit pas de s’élever à ce que nous ne pouvons pas faire (qui s’élève sera abaissé), mais de suivre humblement ce que le Seigneur nous demande (qui s’abaisse sera élevé) !
+ Père Jean-Michel Moysan, curé