On peut être dans l’Eglise et ne pas connaître Dieu. J’entends ‘intimement’. Connaître Dieu, c’est
avoir fait un jour l’expérience sensible d’une Présence ! Ca parle en nous ! Nous savons que c’est un
Autre qui nous ‘visite’ ! C’est du sensible et nous nous mettons à genoux : « parle Seigneur, Ton
serviteur écoute »…
Samuel vit cela pour la ‘première fois’ ! Il y a plusieurs ‘premières fois’ dans une vie. Dans la vie
religieuse, c’est pareil. Des enfants peuvent faire une expérience de Dieu profonde qui restera dans la
mémoire, même si l’enfant prendra ensuite de la distance. D’autres vivront leur caté sans jamais
‘connaître’ Dieu. Ensuite dans la vie adulte, nous pourrons refaire cette même expérience : telle
intuition spirituelle, telle parole d’un prophète de la Bible, d’un sage, ou de Jésus se met à me parler et
me fait adorer !
Mais Samuel ne sait pas que c’est Dieu : « Le Seigneur appela Samuel, qui répondit :« Me voici ! »Il courut vers le prêtre Éli, et il dit : ‘Tu m’as appelé, me voici.’ » Combien de personnes m’ont dit ceci : «un jour, j’ai entendu une Parole intérieure forte, j’ai eu peur : je suis fou ! ca vient surement de mon inconscient ! » De nombreuses personnes ne savent pas identifier ce qui se passe dans leur vie intérieure, les visites de Dieu. Saint Bernard raconte ceci : « Je confesse donc, non sans indiscrétion, que j’ai moi aussi reçu la visite du Verbe, et cela à plusieurs reprises. Et s’il est entré souvent en moi, je ne l’ai pas senti entrer à chaque fois. » (Saint Bernard, Œuvres mystiques, Seuil, 1967, p. 765)
Une question se pose : qu’est-ce qui permet de reconnaître que c’est Dieu et non notre inconscient ?
Dans notre texte, c’est le vieil Eli qui a su saisir que ce que Samuel vivait était la venue de Dieu parlant à l’âme : « Alors Éli comprit que c’était le Seigneur qui appelait l’enfant ». Pour nous, c’est l’Eglise qui nous aide à comprendre le sens des expériences spirituelles: certains membres ont le sens de Dieu, capable de pressentir si cela vient de l’Esprit ou pas. C’est pourquoi Il nous faut la livrer à l’Eglise humblement pour qu’elle la discerne, L’Accompagnateur spirituel est là pour cela : rassurer et disposer l’âme à entendre davantage. Et Samuel répondit : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.»
+ Père Jean-Michel Moysan, curé