Dans une liturgie, les mots sont le véhicule de la prière. Ils nous font rentrer dans la réalité de Dieu invisible. Le mot ‘sacrifice’ est courant dans la messe. Rappelons la prière eucharistique n°4 : « Voilà pourquoi, Seigneur, nous célébrons aujourd’hui le mémorial de notre rédemption : en rappelant la mort de Jésus Christ et sa descente au séjour des morts, en proclamant sa résurrection et son ascension à ta droite dans le ciel, et attendant aussi qu’il vienne dans la gloire, nous t’offrons son corps et son sang, le sacrifice qui est digne de toi et qui sauve le monde. »
Sacrifier quelque chose, c’est le lâcher, se dépouiller de lui. Quand on lâche par amour, on donne, comme des parents qui sacrifient des nuits quand un enfant souffre, car ils aiment leur enfant ! Quand on sacrifie la ‘chose’ qu’est sa vie, c’est toute sa personne ‘corps et âme’ qui se donne jusqu’au bout : «ceci est mon corps livré pour vous ». Lors du dernier repas de Jésus, il se donne dans son âme à Dieu son Père par la prière : « ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne ! » Ce sacrifice sera sanglant le lendemain, sur la croix. Il se donnera versant le sang … le sang, c’est la vie ! A la messe, nous revivons ce dernier repas de Jésus où il a fait le sacrifice de lui-même, en aimant jusqu’au sang et ainsi ‘tuer’ le péché en l’homme ! : « ceci est mon sang, versé pour la nouvelle Alliance en mon sang »
De quelle Alliance parle le texte ? un récit de l’Ancien Testament (Exode 24 - première lecture) le disait déjà. Moïse réunit le peuple devant Dieu pour lui demander s’il accepte les conditions de l’Alliance avec Dieu (vivre les commandements). Le peuple promet et pour signifier cela, il sacrifie un animal versant la moitié du sang sur l’autel (la divinité) et jette l’autre moitié sur le peuple. Un lien est scellé entre eux. Quand Jésus se sacrifie, c’est son sang qui est versé et une alliance est créée entre les croyants et Dieu à travers Lui. Aujourd’hui le prêtre réactualise ce sacrifice de manière ‘non sanglante’. Le ‘sang’ du Christ va lier les croyants à Dieu pour l’éternité, leur demandant d’en vivre les conditions dans leur quotidien : aimer leurs frères… sinon quel sens aurait la communion au sacrifice du Christ qui a ‘tellement aimé le monde’ !
+ Père Jean-Michel Moysan, curé