Celle que toutes les générations appellent «bienheureuse » a été d ‘abord cellule minuscule, fruit de l’amour de ses parents : mystère de la conception ! Elle a été embryon vivant, tissé cellule après cellule, dans le sein d ‘une mère : mystère de la naissance !
Celle que la terre et le ciel proclament «bienheureuse et bénie » a été ce bébé fragile, ébloui par la lumière du jour, entièrement confiante en ses parents. Petite juive de Palestine, elle grandissait dans l ‘espérance et la solidarité du peuple de l’Alliance. Elle pourra alors dire « oui » à la demande de l ‘ange. Merveilles de l ‘éducation ! Joseph, son fiancé, fut éduqué dans la solidarité avec tout un peuple et dans l ‘espérance d’un salut venant de Dieu. Il pourra lui aussi comprendre le message de l ‘ange et accepter la mission. Merveilles des commencements ! Deux mille ans après, Marie est devenue « parfaite image de l’Église à venir, aurore de l’Église triomphante ».
Par cette fête de l’Assomption, l’Église catholique présente à l’humanité entière le signe de Marie, transportée au ciel, transfigurée par la résurrection de son fils Jésus. À la suite du Christ, premier de cordée, Marie est la première sur le chemin de la Résurrection. Ainsi se réalise ce que l’Apôtre Paul écrivait aux Corinthiens,15,20-27 : « Dans le Christ, tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ. Alors tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. Et le dernier ennemi qu’il détruira, c ‘est la mort. »
Élevée dans la gloire du ciel, Marie est « l’image parfaite de l’Église à venir ». Ce qu’elle est, nous le deviendrons. L’aurore qui l’éclaire, éclaire déjà l’humanité. En contemplant Marie, l’humanité peut découvrir ce qu’elle deviendra elle- même. Toute la création se prépare à cette transformation. Nous pouvons chanter le Magnificat ! « Mon âme exalte le Seigneur, son amour s’étend d ‘âge en âge sur ceux qui le craignent. Il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères. » (Luc 1,39-56). L’Espérance et la louange ne devraient plus nous quitter. Cette espérance nous engage aussi dans un réel combat spirituel. Nous sommes sûrs du chemin, du sommet et du guide ; mais nous ne sommes pas encore arrivés. Nous sommes sûrs de la victoire du Christ sur toutes les forces du mal ; mais actuellement encore, ces forces font rage dans tous les domaines.
Tous les textes de la Bible choisis pour cette fête expriment le combat à mener. La première lecture tirée des chapitres 11 et 12 de l’Apocalypse nous présente une femme qui porte la vie, menacée par un dragon rouge feu voulant dévorer l ‘enfant : dragon de la violence et de l’intolérance, de la maladie et de la mort ; dragon de la pollution et des puissances infernales ; dragon d’un système économique dévoreur d’hommes et d’innocents. Les forces de vie, de créativité et d’espérance sont menacées. Mais le dragon ne pourra rien contre les forces de vie. Il ne pourra pas détruire les projets de l ‘humanité ni la vitalité de l’Église. Mais pour lui échapper, il faut aller au désert. Passer par des manques, revenir à l ‘essentiel. La lettre de Paul aux Corinthiens montre le Christ engagé dans un combat spirituel contre tous les ennemis de l'homme.
Comment ne pas s’engager avec lui ? Ne laissons pas Jésus seul dans les combats qu‘il mène pour nous. Et Marie, dans l ‘Évangile, nous invite à rejoindre notre Dieu libérateur qui veut renverser ceux qui dominent au lieu de servir, ceux qui accumulent au lieu de partager. Elle nous invite à rejoindre notre Dieu Père qui élève et éduque les humbles, nourrit les affamés et guérit les cœurs blessés. Cette fête de l ‘Assomption soutient notre espérance, l’espérance chrétienne qui, en éclairant le regard, le chemin et l’horizon, nous montre l’urgence d ‘un engagement tenace et joyeux pour faire grandir déjà tous les humains. Puisqu’ils sont tous appelés à une si haute destinée, il est urgent de leur annoncer la Bonne Nouvelle qui les concerne. Il est urgent aussi de nous aider les uns et les autres à prendre la direction de cette belle Assomption. Comme une aurore, Marie, dans l’Évangile, nous invite à rejoindre notre Dieu libérateur qui veut renverser ceux qui dominent au lieu de servir, ceux qui accumulent au lieu de partager.
Une méditation de Mgr Marcel Perrier, évêque émérite de Pamiers