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« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi (Marc 7, 6)

Un jour, des pharisiens et des scribes viennent de Jérusalem, pour rencontrer Jésus qui prêche en Galilée. Pourquoi faire tant de kilomètres ? pour le connaître davantage ? Pour engager avec lui un débat sur son enseignement ? ... on ne sait pas, mais la polémique commence : les disciples de Jésus ne se lavent pas les mains avant de manger ! Cette polémique nous parait dérisoire aujourd’hui.

Ecoutons ce que dit un auteur juif espagnol du XIIème siècle : « Nous avons aussi été exhortés à la pureté de ce qui nous entoure [...]. Il va de soi qu’il est inconcevable de vénérer le nom de Dieu avec les mains sales et qu’il faut les laver quand elles ont été en contact avec quelque chose d’impur comme il est dit « Je laverai mes mains en pureté » Psaumes XXVI, 6] (Jonah ben Abraham Gerondi, Shaareiteshuvah, p. 169 trouvé sur Internet) 

Donc, pour nos pharisiens, toute la vie dans ses moindres détails doit être l’objet d’une sanctification, et donc d’une purification... Chaque moment de la vie fait pour rencontrer le Saint (le pur), béni soit-il. Il est potentiellement porteur d’une impureté et il faut donc tout purifier ! Ceci est extrêmement profond ! Pourquoi Jésus et ses disciples, en bons juifs ne le font pas ici, alors qu’il a dit : « je ne suis pas venu abolir la loi, mais l’accomplir ? » Nous allons le voir.

En effet, il est une constante dans l’enseignement de Rabbi Jésus : la rencontre de Dieu demande d’abord une pureté de l’intériorité, et non des actes extérieurs : Or « Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. » (Verset 15). Cette purification du cœur est centrale, n’est pas une option pour le disciple. En quoi consiste cette purification ? arrêter en nous les pensées blessantes sur les autres, les pensées dominatrices, les convoitises, les envies, les arrêter à la frontière de notre bouche : « ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. » Nous devenons impurs quand nous donnons un consentement à ces pensées violentes et les exprimons !

Voilà le travail spirituel qui est à faire en nous ! Cela peut être un travail à long terme ! Car les vertus et les vices habitent le cœur de chacun. Mais si l’on veut connaître Dieu et nous approcher de Lui, c’est un chemin spirituel obligatoire : « heureux les cœurs purs, car ils verront dieu », dit Jésus (Matthieu 5, 8).

 

+ Père Jean-Michel MOYSAN, Curé.