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« Le seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille et je ne me suis pas révolté » (Isaïe 50, 5)

Et il l’a dite, provoquant des persécutions contre lui : « j’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient… » . Et il est resté croyant, décidé à aller jusqu’au bout : « j’ai rendu ma face dure comme pierre » et il sait qu’il ne peut pas taire la vérité sur ce qu’il discerne, autrement, il serait lâche. Et il sait aussi que Dieu est avec lui : « voilà le Seigneur mon Dieu, il prend ma défense ! » et que la vérité un jour éclatera : « il est proche, celui qui me justifie » !

 

Peut-être avez-vous vécu ce moment où il faut dire la vérité, que ça fera des colères et peut-être des inimitiés, mais qu’il faut les dire (au moins à soi-même, ne pas glisser intérieurement dans le mensonge) ! Voilà ce que vit le prophète Isaïe. C’est sa conscience spirituelle qui parle et il ne peut se taire !

Ce prophète Isaie est pour le Nouveau testament la figure de Jésus qui est mis à la souffrance, dépouillé, humilié, devenant le serviteur souffrant d’IsaÏe 53 ; car Jésus est droit, intraitable dans ce qu’est Dieu et son exigence d’amour et de vérité. Il affronte les insultes des instances juives de l’époque qui provoquent sa mise au mort au nom de la loi !

Le texte de l’évangile en est le témoin d’un changement de la notion de Messie. Jésus guérit, ressuscite. Et Pierre va, dans un élan spirituel va dire : « tu es le Messie, le fils de Dieu ». Pierre dit vrai, car il voit Jésus manifester sa puissance en restituant l’homme dans sa vie, le relevant du mal et du péché… c’est le Messie ! Mais Pierre ne sait  pas ce qu’il dit, car pour Jésus, le Messie n’est pas cela : « et il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup… qu’il soit tué et que, trois jours après, il ressuscite » (Marc 8, 32)… Le Messie doit passer par la souffrance ! Or ceci pour intolérable pour un juif du 1 er siècle. Les reproches de Pierre à Jésus sont témoins de cela. Cette figure du Messie Crucifié n’existe pas dans le judaïsme du 1 er siècle… Ce sont les chrétiens qui la discernent en Jésus et la valorise.

Jésus est le Messie dans cet amour pour Dieu allant jusqu’à la croix… pourquoi fallait-il cela ? pour que son amour vainqueur de tout viennent habiter nos amours si fragiles dans nos souffrances et vienne nous purifier du péché. Il n’y a qu’un Amour absolu qui peut faire cela ‘pour nous’.

 

+ Père Jean-Michel Moysan, curé