Cette phrase clôt un dialogue entre Jésus et les deux frères Jacques et Jean : « donne nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche dans ta gloire » (verset 37). Prétention à être les favoris de Jésus parmi les apôtres après sa résurrection (les fils du Roi sont assis à sa droite et à sa gauche) ? Cela a été compris ainsi par les 10 autres apôtres légitimement indignés. Mais va suivre un dévoilement de ce que va être la trajectoire spirituelle de Jésus lui-même .
En effet, Jésus va être plongé (baptisé) dans la grande activité divine de la rédemption : il va être livré, va souffrir, va assumer en lui les affres des gifles, des clous de la croix, des quolibets, l’abandon relationnel, le silence de Dieu… et son amour pour Dieu, sa foi et sa forte espérance en vont être vainqueurs de tout cela. La rédemption, c’est le rachat, la rançon qu’un esclave paie à un maître pour être libéré… Il fallait que Jésus ‘paie le prix’ de la liberté spirituelle, qu’il traverse toutes les souffrances humaines en les vivant, en les prenant sur lui, en les assumant, non dans la grandeur, mais dans le service… cela en aimant ! car « ce qui n’est pas assumé n’est pas sauvé et seul ce qui est uni à Dieu est sauvé », comme dit Grégoire de Naziance (Epitre 101)… C’est cela la trajectoire de Jésus : il sauve en assumant ! C’est la trajectoire du Serviteur souffrant en Isaïe qui se réalise : « broyé par la souffrance, le Serviteur a plu au Seigneur… le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes » (Isaïe 53, 10)
Disons que Jacques et Jean ont voulu connaître de suite la résurrection (la gloire), puisqu’ils étaient les ‘choisis de Jésus’. Et ce dernier les initie au baptême de la croix et les amène avec lui dans cette activité de rédemption (par la croix)…. Visiblement Cette initiation ne leur fait pas peur ! ils y consentent ! Interprétons pour nous… Lorsque la foi commence en nous, elle est un bonheur, elle nous fait renaître, Nous sommes mis ‘à sa droite’, goutant sa résurrection… c’est bien ! Mais progressivement Jésus nous initie aux souffrances du nouveau croyant, nous ‘plonge’ dans le témoignage et c’est comme si nous vivions un second baptême, celui (plus dur) de la croix… Et si nous voulons tenir, Il nous faut la vivre ‘avec lui’ qui a donné sa vie en rançon pour la multitude ( il en a payé le prix). Concrètement nous apprenons à être des serviteurs… A nous de nous laisser initier par Lui !
+ Père Jean-Michel MOYSAN, curé