« Avec sa farine la veuve fit une petite galette et l’apporta à Élie » (1 R 17, 10-16)
« Elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre » (Marc 12, 44)
Deux veuves : l’une du temps d’Elie, l’autre du temps de Jésus…
La première, une étrangère est victime collatérale de la famine et la sécheresse, punition consécutive au passage à l'idolâtrie d’Acab et de sa femme Jézabel. Cette dernière avait fait venir des statues des dieux païens dans le Temple, péché suprême qui doit être puni. Cette veuve étrangère n’a rien fait, mais elle subit les ravages du péché d’Acab… et elle risque d’en mourir. Et la miséricorde de Dieu s’étend à elle par Elie, homme de Dieu qui la visite, la protège en la sauvant de la mort par famine (« après, moi et mon enfant, nous mourrons ! »)
L’autre veuve, celle de l’Evangile, est remarquée par Jésus : elle donne deux piécettes, alors des riches donnent ostensiblement beaucoup. Sa miséricorde est grande pour le temple : elle donne au temple (à Dieu) tout ce qu’elle a pour vivre. Et Dieu le voit... peut-être vit-elle, sans le savoir, la parole de Jésus sur l’aumône… « (donne) afin que ton aumône reste dans le secret ; ton père qui voit dans le secret te le revaudra » (Matthieu 6,4)
Ces deux veuves ont ceci de commun : elles donnent à perte d’être ! Elles ne retiennent pas pour elle quelque chose… c’est la générosité sans fond qui est là ! quand la générosité porte sur le superflu, il n’y a pas besoin de Foi… on fait son devoir d’homme religieux comme les riches scribes ! Mais quand la générosité porte sur le nécessaire, il faut de la Foi ! car on est attaqué dans son environnement et son bien-être. Beaucoup des chrétiens comprennent qu’il leur faut se livrer à Dieu ! En livrant tout à Dieu, l’absolu d’une vie, ils peuvent se détacher et deviennent ainsi plus libre, comme Jésus lui-même se livrant à Dieu le Père dans tout ce qu’il avait pour vivre ! Cela chacun peut le faire, en discernant à la suite de Jésus son don propre à faire au Seigneur.
Soulignons un autre aspect : la femme de Sarepta aurait pu garder pour elle et son fils sa galette, mais elle n’aurait pas connu la présence de Dieu dans les jours de disette… quand on se donne à Dieu, on reçoit beaucoup de Lui, au centuple, notamment dans les jours d’épreuve ! mais il faut se lancer à l’aventure ! la veuve de l’Evangile aurait pu garder pour elle et ses besoins, les deux pièces d’argent… mais la grandeur de Dieu avait besoin de ses deux piécettes, comme la splendeur de Dieu a besoin de tous nos services données à l’Eglise et aux autres, des plus petits jusqu’au plus grand ! la veuve l’a fait. Le théologien Bède le Vénérable commentait : « Elle met deux petites pièces de monnaie dans le tronc, parce qu'elle vient apporter l'offrande de l'amour de Dieu et du prochain, de la foi et de la prière. »
+ Père Jean-Michel MOYSAN, curé