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« Restez éveillés et priez en tout temps… vous aurez ainsi la force d’échapper à tout ce qui doit arriver » (luc 21, 36)

Les cataclysmes décrits par Jésus dans l’évangile du 1 er dimanche de l’Avent, ceux qu’on appelle ‘apocalyptiques’, sont très sombres (destruction du temple, guerres, soulèvements…) . C’est ce que Jésus, homme de Dieu, ‘voit’ venir dans le futur. La foi en Dieu le rend ‘visionnaire’ d’évènements destructeurs. C’est comme s’il voyait le mal se déchainer. Jésus ne prévoit pas, il ‘voit’ ! quelle est la différence entre les deux termes ?

L’expression suivante est devenue courante : tel intellectuel était visionnaire. Ce qu’il avait vu dans ses analyses, s’est réalisé… mais on ne l’avait pas cru ! autre exemple :une mère de famille connait bien ses enfants et voit dans telle relation affective une catastrophe à venir ! Et c’est ce qui arrive ! mais on ne l’avait pas cru ! L’amour (pour ses enfants) donne de voir ! pourquoi la foi en Dieu ne donnerait-elle pas de voir !

Des hommes de foi ‘voient’, ont des perceptions spirituelles que Dieu leur révèle. Par exemple, Jésus répond à Nicodème en disant : « vraiment, je te l’assure, à moins de naître d’en haut, personne ne peut ‘voir’ le royaume de Dieu ». Quand Jésus envoie les 72 disciples en mission. Il leur dit au retour : « je voyais Satan tomber du ciel »…

Dans les discours apocalyptiques, Jésus voit le mal détruire tout sur son passage, ravager les personnes, persécuter les croyants, détruire les institutions, et aussi faire son œuvre de propagation de la peur : « les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde » (jean 21, 26) Nous sommes aujourd’hui dans une société de peur, parce que le ‘diviseur’ (Satan) fait son travail de sape sur toute confiance humaine, sur toute foi religieuse, amenant à suspecter toute bonté authentique qui veut sauver… et nous avons peur de l’autre !

Quel est le remède ? ‘Restez éveillés et priez’. Il y a un combat spirituel à rester éveillé, à ‘voir’ le monde selon le Christ… ne pas se laisser emporter par la vague pessimiste, mais laisser venir en soi l’espérance… ne pas être sans arrêt dans les tendances sociétales du soupçon et de condamnation, discerner avec beaucoup de lucidité évangélique, l’ivraie du bon grain, s’accrocher à la prière, c’est-à-dire à la relation transformante avec Dieu… En nous accrochant à la prière comme à une ‘ancre dans les cieux’, nous aurons la ‘force d’échapper à tout ce qui doit arriver’ (verset 36). Nous ne fuirons pas le monde, mais nous y habiterons dans la maturité de la foi. Alors nous serons capables de ‘tenir débout devant le Fils de l’homme’ (verset 36)… Si la foi ne met pas debout, à quoi sert-elle ?

 

Que le Seigneur nous donne de voir clair et de demeurer dans la prière !

 

+ Père Jean-Michel MOYSAN, curé