A l’aube de l’ère chrétienne, Jean-Baptiste se dresse dans le monde juif du 1 er siècle, avec cette forme de radicalité propre aux grands hommes spirituels. Déjà à propos de sa conception, on s’était demandé : « ‘Que sera donc cet enfant ?’ et Saint Luc poursuit : « l’enfant grandissait et son esprit se fortifiait. Il alla vivre dans le désert jusqu’au jour où il se fit connaitre à Israël, en effet la main du Seigneur était sur lui » (Luc 1, 80).
Ici Jean-Baptiste est dans sa maturité et il a à cœur la vie spirituelle de son peuple et il proclame un ‘baptême de conversion pour le pardon des péchés’. Drôle de première annonce… On s’attendrait à ce qui leur dise : « Vous êtes bénis et aimés de Dieu ! ». Non, il leur demande de venir recevoir le pardon de Dieu !
Qui aujourd’hui dans nos églises commencerait par là : ‘revenez à Dieu… son pardon est à la porte de votre âme’. D’un projet pastoral de ce type, on dira : ‘personne ne viendra’ ou ‘à quoi bon encore culpabiliser’ ?
Or Saint Luc est formel : « Jean disait aux foules qui arrivaient pour être baptisés par lui » (luc 3, 7) La foule vient ! Aujourd’hui Les recommençants dans la foi sont très attachés à venir demander le pardon de Dieu et à le recevoir… les catéchumènes sont heureux d’apprendre que le baptême va pardonner tous leurs péchés… et ils le vivent comme une renaissance… des personnes viennent régulièrement tous les mois demander le pardon de Dieu à l’église Saint Melaine. Cela désigne quelque chose d’essentiel dans la relation à Dieu. Qu’est-ce qui est en jeu ?
La réponse est simple : il s’agit de ne pas vieillir dans nos péchés, de ne pas nous encroûter… et de devenir vivants de Vie spirituelle, d’être purifiés. Si nous voulons voir Dieu, il faut araser nos montagnes d’être compliqués, orgueilleux, égocentriques, il nous faut rendre droits nos chemins tordus, remplis de mensonge, aplanir les routes rocailleuses de nos cotés tranchants, colériques, froids, dominateurs… retrouver la prière !
Tout cela est profondément caché en nous, dénié peut-être. Accepter que les péchés viennent au jour et en être pardonné est le deuxième stade de la vie spirituelle… le premier, c’est se reconnaître aimés de Dieu… le second, c’est découvrir que tout en étant aimés profondément, Dieu est en colère contre nous, car il nous veut purs, depuis la création. Ecoutons la parole féroce de Jean Baptiste : ‘Engeance de Vipères, qui vous a appris à fuir la colère qui vient… produisez donc un fruits qui expriment votre conversion » … Les fruits dans notre vie de croyant dépendent fortement du pardon de Dieu demandé et reçu.
Laissons-les venir au jour en décidant de plonger (être baptisé) dans la conversion en recevant le pardon !
+ Père Jean-Michel MOYSAN, curé