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« Tu n’as voulu ni sacrifice, ni holocauste, mais tu m’as formé un corps » (hébreux 10, 5)

Nous sommes à 3 jours de Noël : la fête de l’incarnation du Fils de Dieu. Un changement religieux fondamental s’est passé dans cette entrée dans la chair du Fils de Dieu qu’il nous faut toujours méditer. Il y a un avant et un après !

Avant, la religion israélite est basée sur la foi en YAVHE, le dieu d’Abraham, d’Isaac et Jacob. C’est lui qui a libéré l’Egypte de la servitude. Pour le croyant israélite et juif, la vie religieuse va consister à suivre la Loi, et tous ses  commandements : «  Tu respecteras les commandements de l'Eternel, ton Dieu, pour marcher dans ses voies et pour le craindre. » (Deutéronome 8, 6)… et notamment en offrant des sacrifices, soit pour marquer l’amour porté à Dieu, le remercier pour ses dons, se faire pardonner les péchés et expier (réparation), soit pour obtenir de Dieu un bien. Le sacrifice était, pour le croyant ce qu’il devait faire pour garder l’Alliance avec Dieu : « Quant à moi, je t'offrirai des sacrifices avec un cri de reconnaissance, j'accomplirai les vœux que j'ai faits. Le salut vient de l'Eternel. » (Jonas 2, 10)

Or déjà l’Ancien testament voit la limite du système sacrificiel pour aller à Dieu « Les holocaustes de béliers, la graisse des veaux, j’en suis rassasié », dit Dieu dans le Livre d’Isaïe (1, 11-17). Il appelle plutôt à « cesser de faire le mal » et « apprendre à faire le bien ».  Mais le plus grave est ceci : : « il est impossible, en effet que du sang des taureaux et des boucs enlève les péchés » (hébreux 10, 4)  dit l’auteur de l’Epitre aux Hébreux (aux juifs devenus chrétiens) 

Si le sacrifice est incapable de nous libérer du mal, il faut une autre logique… C’est la logique de l’incarnation du Fils de Dieu : « alors, j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté » Il nous faut méditer la logique du « me voici »… le Christ s’offre à nous dans son être de ressuscité, ayant vaincu par le sacrifice de la personne, la puissance du mal : « Et c’est grâce à cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l’offrande que Jésus Christ a faite de son corps, une fois pour toutes. »

(Hébreux 10, 10)…

Dans la vie religieuse chrétienne, la prière n’est plus celle-ci : « Seigneur, me voici, Seigneur, avec mes actions bonnes, mes sacrifices pour les autres, je te les offre pour m’unir à toi», mais elle est fondamentalement celle-ci : « Seigneur Jésus, te voici… tu t’offres aujourd’hui dans ta personne ressuscitée… je t’accueille pour en être transformé, sanctifié jusque dans mon corps, j’accueille ton Corps livré pour nous, car il est source de Vie… »

 

Fêter Noel, c’est fêter cette nouvelle logique religieuse : Il est devenu chair, pour nous, afin que notre chair soit sanctifiée et divinisée !

 

+ Père Jean-Michel MOYSAN, curé