Voici ce dimanche la fête de l’épiphanie. Ce mot signifie « manifestation divine ». Mais qu’ont vu de divin les mages à Bethléem ? Un enfant dans la crèche. Un roi, dans une mangeoire. En fait, dans le récit des mages, la chose la plus divine qui se manifeste, selon les critères de ces savants païens de l’Antiquité, c’est l’étoile qui les guide jusqu’à la crèche de Bethléem, car à cette époque, nombreux étaient ceux qui voyaient des divinités dans les étoiles, y compris chez les savants grecs, mais pas chez les Juifs.
Et voici que ce sont des païens qui, guidés par une étoile, viennent prévenir les Juifs que leur roi est né. Voilà un paradoxe qui est bien la signature de Dieu quand il se manifeste à nous. Les Juifs savent que le Messie doit venir, ils connaissent même beaucoup de détails sur sa venue, grâce aux Saintes Écritures. C’est pourquoi, ils peuvent guider les mages jusqu’à Bethléem, mais ce sont des païens qui leurs disent que le moment tant attendu est venu. Dieu vient, mais ce sont ceux qui ne l’attendaient pas, qui indiquent sa venue à ceux qui l’espéraient.
Une fois à Bethléem, les mages déposent leurs présents devant l’Enfant Jésus : L’or, l’encens et la myrrhe. L’or désigne la royauté de celui qui est non seulement le roi des Juifs, mais surtout le roi de l’Univers, l’encens souligne sa divinité, et la myrrhe est le présage de sa mort, car c’est un onguent qui sert à embaumer les cadavres. Tout cela annonce que la mort et la Résurrection du Christ ne seront pas seulement pour libérer le peuple d’Israël qui espérait le retour de son roi, mais pour sauver toutes les nations : « Les nations marcheront vers ta lumière » (Is 60, 3), « tous les pays le serviront » (Ps 71 (72) 11), « toutes les nations sont associées au même héritage » (Ep 3, 6).
En fait, l’épiphanie est la fête la plus catholique qui soit, car « catholique » signifie « universel », et l’épis ode des mages nous montre que le salut est universel.
Alors pour nous chrétiens, cela signifie deux choses : la première que notre mission est de faire connaître ce salut en Jésus-Christ à toutes les nations, à commencer par la nôtre ; la deuxième est que, comme pour les habitants de Jérusalem, ce sont souvent ceux qui ne connaissent pas Dieu qui nous indiquent sa présence auprès de nous. Sachons les écouter, et aussi leur montrer la route de Bethléem.
+ Père Jean Nielly, vicaire à la paroisse Saint Yves-en-pays de Morlaix