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« Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait et le ciel s’ouvrit » (Luc 3, 21)

Je me suis toujours demandé pourquoi Jésus devait être baptisé, ‘lui aussi’ et quel sens cela a dans son histoire de Fils de Dieu. Il nous faut réfléchir, cela ouvre des perspectives !  

Rappelons nous : Jean baptiste se retire au désert « en proclamant un baptême de conversion pour le  pardon des péchés »… il invite les israélites à revenir à Dieu, à se remettre à l’aimer, et pour cela à se délester de tout cette boue qui encombre le cœur, de cet égoïsme qui refroidit tout bref du péché…

Jean-Baptiste, de son doigt montre Dieu, l’Absolu qui l’habite, ce feu intérieur qui provoquait sa colère contre la médiocrité de la foi (‘engeance de vipères’ !) et qui invitait à plonger dans ce fleuve (le Jourdain) qui lave de tout …

Or Jésus plonge dans ce fleuve, ‘fait la queue’, prend la file, comme s’il plongeait dans cette humanité pauvre, pleine de maladies, d’exclusion. Il est à leur coté, en silence, il s’identifie à eux… Saint Paul le dit  : « Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché… (2 co 5, 21) » En acceptant d’être baptisé dans le fleuve, il est un des leurs… Mais en même temps, il est dit qu’il « priait ». Nous n’avons pas les mots de cette amitié secrète avec Dieu, mais la prière qu’il nous a apprise nous le font pressentir : « Notre Père qui êtes aux cieux, que ton nom soit sanctifié »… En plongeant au plus profond de l’humain, il prie Dieu le Père! Peut-on vraiment plonger au plus profond de l’humanité sans se raccrocher à Dieu, sans être habité par Lui ?

 

Vivons dans notre vie ces deux mouvements du cœur : désirer plonger dans l’humanité et prier Dieu le Père !

Or quand Jésus plonge et prie, « le ciel s’ouvrit ». Cette expression est courante dans l’Ancien Testament. Le prophète Isaïe prie ainsi : « Ah ! Seigneur ! Si tu déchirais les cieux, et si tu descendais ! » (Is 63, 19). Le sentiment que le ciel était fermé habitait la conscience religieuse d’Israël… il n’y a plus de prophète !

Or le ‘ciel s’ouvre’… et deux évènements ont lieu. D’abord l’Esprit descendit sur lui, ‘sous une forme corporelle’ venant habiter le corps de Jésus, c’est-à-dire toute sa personne… Et de plus, vient du ciel une voix : « tu es mon fils bien-aimé, en toi, je trouve toute ma joie » Il fait l’expérience de Dieu : Il sait qu’il est le Fils bien aimé du Père, il se sait aimé de toute éternité ! … conscience unique d’une filiation divine !

à partir de ce moment-là, va commencer sa vie publique : « quand il commença, Jésus avait environ 30 ans. » (verset 23). Commencer quoi ? il va commencer un second baptême, un second ‘plongeon’ qui va se terminer dans le baptême du sang versé (la Croix)… vie donnée jusqu’au bout !

 

+ Père Jean-Michel MOYSAN, curé