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« Qui enverrai-je ?... et j’ai répondu ‘me voici’ » (Isaïe 6, 8)

‘L’année de la mort du Roi Ozias’... Nous sommes en 733 avant Jésus- Christ. Isaïe entre dans le Temple et fait l’expérience de Dieu : « je vis le Seigneur qui siégeait sur un trône élevé » (verset 1) et des anges sont là et proclament : « saint, saint, le Seigneur de l’univers » ... Prochainement le mardi 11 février 2025, ce sera la Journée Mondiale des malades... Attention ! le Seigneur est là, regardez bien !

Rencontrer une personne gravement malade, grabataire ou sans conscience peut se faire dans la frayeur, dans la sidération... On est pétrifié ! Il nous faut mobiliser notre foi en Dieu, notre amour et notre espérance pour la voir autrement qu’un corps avec si peu de vie. Rencontrer en elle le Seigneur comme Isaïe dans le Temple, car « Ne savez-vous pas ceci : votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ? » (1 Co 6.19).

Une révolution du regard doit se faire : croire que dans ce corps, il y a un Temple, celui du Saint Esprit... C’est vraiment de la foi, car on ne voit rien de cela, sinon un corps vieilli, triste quelquefois, souffrant souvent... Quand des yeux vous regardent suppliants, c’est vraiment lui le Seigneur qui est là..Quand la tristesse est là chez une personne qui n’a aucune visite, c’est le Seigneur qui est là ! Quand un corps est creusé, affaibli, vidé de l’énergie de la jeunesse, ne pouvant plus remuer, c’est le Seigneur qui est là ! Et il faut y croire !

Ecoutons la réaction d’Isaïe face à cette transcendance de Dieu « malheur à moi, je suis perdu, je suis un homme aux lèvres impures » (verset 5) ... Qui n’a pas eu la tentation de fuir, de se fermer, de cesser vite la conversation, car c’est insoutenable ! Fuir ou avancer au large ? Tel est le défi intérieur : « avancez au large et jetez vos filets pour la pêche », dit Jésus à Simon, excédé après une nuit de pêche sans rien prendre (évangile d’aujourd’hui) ... la rencontre des malades est une des aventures humaines les plus engageantes qui soit : dépasser la peur, traverser la noirceur accueillir l’autre et son corps vieilli...  Notre Maître dit à tous les malades : « venez à moi, Vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et je vous donnerai le repos » (mt 11, 28)

Qui donnera à ces malades ce repos ? Qui viendra vers eux avec douceur et foi ? Le Seigneur se pose la question à lui-même, dans l’invisible divin : « qui enverrai je ? » J’entends déjà cette réponse : ‘moi, je ne serai jamais

visiteurs de malades, je suis trop sensible. Soit ! Nous sommes comme Moïse ayant peur de l’appel du Seigneur à aller trouver Pharaon... Nous avons nos limites, mais écoutons cet appel ! Il y a tellement de besoins chez nos frères malades !

 

-+ Père Jean-Michel MOYSAN, Curé.