Le roi Saul est la poursuite de David et de ses compagnons. Il veut les tuer ! Or David surprend une nuit le Roi à dormir dans le camp et Abishaï le compagnon de David jubile : « aujourd’hui ton ennemi est entre tes mains, laisse-moi le clouer à terre avec sa propre lance » David refuse : « Ne le tue pas ! »
David est homme de guerre, il a déjà tué beaucoup de monde (par exemple Goliath). Ici il est en guerre, mais il s’interdit de tuer le roi, car ce dernier a reçu l’Onction du Seigneur. Le ‘tu ne tueras pas’ est encore plus sacré, car le roi est sacré !
Nous avons ici un point essentiel de l’éthique chrétienne : Tu ne tueras pas ! quand nous sommes en guerre contre quelqu’un, Il y a plusieurs manières de le mettre à mort : par la médisance, par la calomnie, par l’indifférence, par des paroles mortellement blessantes et enfin par des coups de couteaux.
En devenant chrétien, nous nous engageons à ne pas tuer l’autre. C’est évident, mais cela peut être une lutte difficile. Qui un jour n’a pas désiré la mort de celui qui l’humiliait, de celui avec qui s’opposait à ses projets, qui se mettait en travers de la route !
Le ‘tu ne tueras pas’ est une barrière morale contre notre violence. Si la légitime défense nousamène à le faire, (notamment dans le cas de la défense de la patrie), C’est un cas toléré pour ne pas mourir soi-même ! mais en dehors de cela, le ‘tu ne tueras pas’ prévaut comme absolu ! pourquoi ? tout homme a reçu l’Onction du Seigneur : ‘tout homme est une histoire sacrée’, dit le chant ‘que tes œuvres sont belles’ !
Notre société est ambivalent sur cet interdit : elle est à la fois aveugle sur certains actes (euthanasie, avortement, destruction de fœtus), et à la fois très sensible sur d’autres (pédophilie et meurtre d’enfants, féminicide, tuerie massives de guerre). Pourtant l’interdit porte sur tout être humain !
Cela sera un point central de la foi en Jésus, portant à son sommet la parole de David : « ne le tue pas, car il a reçu l’Onction du Seigneur ». La foi chrétienne est une montagne difficile à gravir dans nos relations (conjugales, familiales, ecclésiales, sociales internationales), car nos puissances d’aggressivité peuvent être immenses : « aimez vos ennemis, dira Jésus, faites du bien à ceux qui vous haïssent » (Luc 6, 28). Cet amour-là nous ouvre les portes de la Vie éternelle alors que la haine les ferme : « Quiconque hait son frère est un homicide ; or vous savez qu’aucun homicide n’a la vie éternelle demeurant en lui » (1 Jn 3,15 ).
Laissons Jésus convertir notre cœur sur ce point et nous radoucir, lui qui a traversé la haine et l’a
dépassé par l’Esprit d’amour du Père !
+Père Jean-Michel MOYSAN, curé