Heureusement que nous avons du flair ! Quand quelqu’un prend la parole dans un groupe, on sait très vite si c’est juste ou pas, si c’est profond ou creux, si c’est tiré de l’expérience ou si c’est du ‘bluff’… bref s’il faut l’écouter ou passer son chemin ! Gardons l’œil intérieur attentif !
Le verset de ben Sira ci-dessus est une phrase d’un maître de Sagesse juif au 3 ème siècle, éduquant son disciple à l’écoute des paroles vraies, celles qui font vivre ! l’enjeu de cela, c’est le tri entre les paroles qui construisent, les paroles banales et les paroles qui détruisent ! Car il en va de notre croissance spirituelle…
Nos contemporains recherchent tous des paroles lumineuses qui fassent vivre et qui sauvent ! et ils ont raison ! « Abba, dis nous une parole qui sauve », tel est, dans Chez les Pères du Désert (3ème siècle) en Syrie et d’Egypte, la demande du disciple à son Père spirituel, alors qu’il est dans une impasse et qu’il se laisse aller à toutes les tentations (désespoir, colère, etc…) !
Parmi le flot de paroles dites par nos médias, je prie pour que les chrétiens recherchent dans la Bible ces personnes dont la Parole a fait vivre les contemporains.
Il est dit du prophète Elie : « Le prophète Élie surgit comme un feu, sa parole brûlait comme une torche. » (Siracide 48, 1)
Ce qui est dit de Jésus dans les évangiles est significatif d’un homme dont la ‘prise de parole’ fait vivre : « Lorsque Jésus eut terminé ce discours, les foules restèrent frappées de son enseignement, car il les enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme leurs scribes. » (Matthieu 7, 28-29)
D’où vient cette autorité chez Elie et chez Jésus ? parce que « ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. » (luc 6, 45) Le cœur, c’est le ‘centre de l’âme’… c’est là où se forme toutes les pensées, les bonnes les mauvaises. C’est là où notre liberté accueille la Présence de Dieu en soi. Jésus comme tous les rabbins juifs commente la Torah. Mais ce qui change le rabbi Jésus et les scribes,
C’est qu’il est jour et nuit, dans une relation intime avec son Père : « le Père et moi, nous sommes uns ». Or recevoir Dieu en soi est plus grand que commenter la Torah… Lui, Jésus est pour les chrétiens Parole incarnée de Dieu… cette incarnation de Dieu dans sa Parole est visible dans les évangiles : sa Parole guérit, relève, ressuscite… Elle porte des fruits, grâce à cette relation avec Dieu son Père…
La Parole de Jésus rend libre et ressuscite… ! Ecoutons les personnes dont la parole ne se paie pas de
mots, qui met en pratique ce qu’elle dit, même si elle peut être accompagnée de la croix et cultivons en nous la bonté et nous porterons des fruits : « l’homme bon tire du trésor de son cœur ce qui est bon » (Luc 6, 35)
+ Père Jean-Michel MOYSAN, curé